Jubilé: les diacres veulent être «signes» de la charité et de la Parole

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

La file d’attente a rarement été si longue pour débuter le pèlerinage depuis la Piazza Pia vers la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome. Des centaines de pèlerins attendent leur tour, derrière une croix, et beaucoup arborent une écharpe en travers de leur buste, signe de leur ordination diaconale.

Ils sont plus de 6000 fidèles, diacres, épouses de diacres, prêtres et évêques à s’être rassemblés pour le Jubilé des diacres, quatrième rendez-vous thématique de cette année 2025. «Expérience de l’Église universelle» pour François Favol, coordinateur du Comité national du diaconat en France (CND), ce jubilé est l’occasion «d’élargir l’espace de sa tente, comme dirait Isaïe, pour se rencontrer les uns les autres». Dans les prisons, les écoles, auprès des plus pauvres ou des personnes handicapées, auprès des catéchumènes, les ministères des diacres sont multiples, et toujours «tournés vers les périphéries», souligne le diacre de Créteil.

Témoin de la périphérie, le diacre Reynald Jamet a mis 20 heures d’avion pour arriver à Rome depuis son archipel de Tahiti. À 60 ans, il est heureux de participer à un jubilé comme diacre permanent, avec six autres de son diocèse de Papeete. Chargé de s’occuper de quatre atolls sur lesquels il passe six mois de l’année, il explique que la baisse du nombre de vocations sacerdotales a poussé les évêques successifs de Papeete à promouvoir le ministère de diacre pour les besoins de cet archipel grand comme l’Europe. Pour lui, l’espérance «c'est qu'un jour on vivra sur cette terre ensemble dans la paix, dans l'unité».

Un service en couple

Un foulard bleu noué autour du cou, Jean et Marie-Pierre Cantin viennent pour la première fois à Rome. Ils sont mariés depuis plus de vingt ans, et Jean Cantin a été ordonné diacre il y a deux ans pour le diocèse de Saint-Denis en France. Ils vivent le pèlerinage jubilaire dans une fraternité avec une dizaine d’autres diacres venus de France.

«Mon service comme diacre, c’est d’abord mon travail», explique celui qui est responsable des partenariats pour l’ONG ATD Quart Monde, et qui assure aussi une mission spirituelle auprès des Scouts de France. Il a vécu sa préparation à l’ordination diaconale comme un chemin pour devenir «signes de la charité et de la Parole». Marie-Pierre a également suivi la formation, «d’une grande richesse» mais l’ordination de son mari n’a pas bouleversé sa vie: «On avait déjà une vie de foi avant, on était déjà bien engagés avant. Mais ça permet de cheminer encore plus à la suite du Christ, car l’amour du Christ est premier».

Un groupe de pèlerins venu pour le Jubilé.

Des signes de résurrection

La priorité de la foi en Christ, c’est également ce que rappelle Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes: «C'est parce que je crois en Jésus que je suis proche des pauvres, parce qu'il n'y a pas d'annonce de l'Évangile sans témoignage auprès de ceux qui sont dans le besoin».

Mgr Laurent Percerou reconnait un signe de l’Esprit Saint dans le choix du Pape d’avoir placé le Jubilé sous le signe de l’espérance, dans un monde «particulièrement troublé». Tous les baptisés, mais particulièrement les diacres, sont appelés à être des pèlerins de l’espérance, «par leur présence auprès des périphéries, des zones de pauvreté», et ainsi montrer «au cœur même de la vie de l'Église et du monde, qu’il y a des signes de résurrection».