Angélus: je sens dans mon cœur la «bénédiction» qui se cache dans la fragilité»

Fabrice Bagendekere SJ – Cité du Vatican

Tenu au repos absolu par l’équipe médicale de l’hôpital Gemelli, où il est hospitalisé depuis 17 jours, François ne s’est pas montré aujourd’hui, aux milliers de pèlerins qui d’ordinaire ne manquent pas l’occasion de prier avec lui la prière mariale du milieu du jour. Néanmoins, son cœur est resté totalement tourné vers eux. Ainsi, depuis l’hôpital, le Saint Père a tenu à envoyer ses pensées toutes pleines de gratitude pour le soutient qu’il reçoit dans cette période de «fragilité». Le Pape, informé de tous les rassemblements de prière qui ont lieu de par le monde en faveur de son rétablissement, dit «merci à tous!». Ses remerciements s’adressent de façon spéciale aux «médecins et opérateurs sanitaires» qui l’accompagnent, «pour l’attention avec laquelle ils prennent soin de [lui]».

Apprendre à faire davantage confiance au Seigneur dans les moments de fragilité

S’il faut imaginer l’épreuve que représente ce moment pour le Saint-Père, lui perçoit plutôt la bénédiction qui se cache dans sa vulnérabilité. «Je sens dans mon cœur la "bénédiction" qui se cache dans la fragilité», écrit François. Car, dit-il, «précisément dans ces moments-là, nous apprenons à faire encore plus confiance au Seigneur». Ainsi remercie-t-il Dieu de lui avoir donné «l’opportunité de partager dans le corps et dans l’esprit la condition de tant de personnes malades et souffrantes».

Le Pape se sent porté et soutenu par tout le peuple de Dieu

Le Pape dit aussi ressentir l’affection et la proximité de toutes «les prières qui s’élèvent vers le Seigneur du cœur de nombreux fidèles provenant de plusieurs parties du monde». «Je me sens comme "porté" et soutenu par tout le peuple de Dieu», affirme le Successeur de Pierre. En réponse, François assure à son tour prier pour tous, et «surtout pour la paix». Le Saint Père prie pour «l’Ukraine martyrisée, pour la Palestine, Israël, le Liban, la Birmanie, le Soudan, le Kivu». De là où il est, affirme-t-il, «La guerre, apparaît encore plus absurde».

Entrainer nos yeux à bien observer le monde

L’Évangile de ce VIIIème dimanche de l’année liturgique C, extrait de Luc 6, 39 – 45, présente le «Sermon dans la plaine» où Jésus  prononça la fameuse «parabole de la paille et la poutre». François nous la fait saisir par «deux des cinq sens: la vue et le goût», que le Christ met en relief dans cette catéchèse.

Concernant la vue, le Christ «nous demande d’entraîner nos yeux à bien observer le monde et à juger notre prochain avec charité», affirme le Pape, se référant à la déclaration du Christ: «Enlève d’abord la poutre de ton œil; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère» (Voir Luc 6, 42). «C’est seulement avec ce regard de sollicitude et non de condamnation que la correction fraternelle peut être une vertu», écrit le Saint Père, expliquant que si la correction «n’est pas fraternelle, ce n’est pas une correction!»

Ce que dit la bouche déborde du cœur

En ce qui concerne le goût, poursuit le Pape, «Jésus nous rappelle que "chaque arbre se reconnaît à son fruit"». Il explique que «les fruits qui viennent de l'homme sont, par exemple, ses paroles, qui mûrissent sur ses lèvres», «de sorte que "ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur"», affirme-t-il.  Les mauvais fruits correspondent aux «paroles violentes, fausses, vulgaires», tandis que «les bons sont les mots justes et honnêtes qui donnent de la saveur à nos dialogues», infère François. Ainsi nous adresse-t-il cet triple questionnement: «Comment est-ce que je regarde les autres, qui sont mes frères et sœurs? Et comment est-ce que je me sens regardé par eux? Mes paroles ont-elles bon goût ou sont-elles remplies d’amertume et de vanité?»