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Le Pape François et les recteurs des séminaires majeurs français Le Pape François et les recteurs des séminaires majeurs français  (Vatican Media)

Le Pape invite les séminaires français à ne pas craindre la diversité

Former une vraie liberté intérieure, faire croître une humanité équilibrée et capable de relations humaines, insister sur le caractère missionnaire de la vocation: ce sont les trois aspects sur lesquels les recteurs des séminaires français doivent être attentifs selon le Pape qui les recevait samedi matin au Vatican. Le Saint-Père les a invités à ne pas avoir peur de la diversité des profils des séminaristes et à ne pas chercher à former des «clones».

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Parmi les nombreux rendez-vous du Pape ce samedi matin, il y avait celui avec les recteurs des séminaires majeurs de France, venus en pèlerinage jubilaire. «Boussoles pour les jeunes» qui leur sont confiés, ils ont reçu les conseils articulés autour de trois points du Saint-Père pour la formation des futurs prêtres.

Tout d’abord, prendre soin à ce que le candidat à la prêtrise possède «une vraie liberté intérieure», afin qu’il sache «juger et décider avec sa propre tête, parfois à contrecourant ou en courant des risques, sans s’aligner sur des réponses pré-confectionnées ou des préconcepts idéologiques ou sur la pensée unique du moment». Le Pape a bien insisté sur la cohérence qui doit exister entre la pensée, le cœur et les mains qui doivent mûrir ensemble.

 

Ensuite, les recteurs doivent veiller à ce que chez les candidats mûrissent «une humanité équilibrée et capable de relations humaines», car le prêtre doit être porté à «la tendresse», à la «proximité» et à la «compassion», qui sont les trois attributs de Dieu. Inutile d’insister, a concédé François, sur «le danger représenté par des personnalités trop faibles et rigides, ou par des désordres affectifs». «L’homme parfait n’existe pas et l’Église est composée de membres fragiles et de pêcheurs qui peuvent toujours espérer progresser», a-t-il reconnu. «N’ayez pas peur des faiblesses et des limites de vos séminaristes» a-t-il encore exhorté.

Enfin, la formation du séminaire doit tendre vers «l’orientation de la vocation sacerdotale à la mission». «Un prêtre qui fait “Monsieur l’abbé”», s’est exclamé le Pape utilisant le français pour cette expression, «n’est pas fait pour la mission, et cela ne va pas. Le prêtre est toujours fait pour la mission». «On devient pas [prêtre] pour soi-même mais pour le Peuple de Dieu, pour lui faire connaitre et aimer le Christ» a-t-il insisté, précisant qu’«il est difficile d’imaginer une vocation sacerdotale qui n’ait pas une forte dimension oblative, de gratuité et de détachement de soi, de sincère humilité».

Attention au carriérisme et à la mondanité

Le Pape a alors adressé quelques mis en garde aux recteurs: «Soyez attentifs, surtout à l’argent» et «au carriérisme», à la «mondanité», à la «jalousie» et à la «vanité». «L’amour pour Dieu et pour l’Église ne sont alors rien d’autre qu’un prétexte pour l’autocélébration et c’est moche». Pas question pour le Saint-Père d’avoir des prêtres qui se pavanent.

Cependant, «le séminaire ne devrait pas chercher à former des clones qui pensent tous de la même manière», a affirmée François pour qui «la grâce du sacrement puise ses racines dans tout ce qui enrichit la personnalité unique de chacun, personnalité qui doit être respectée pour produire des fruits de saveurs différentes dont la variété même du Peuple de Dieu a besoin».

Les recteurs des séminaires majeurs de France
Les recteurs des séminaires majeurs de France

Des séminaristes de tous horizons

Cette diversité se remarque aussi parmi les profils des séminaristes, des très jeunes, des moins jeunes, des hommes ayant une foi enracinée depuis longtemps, d’autres pas, des séminaristes qui viennent de milieux sociaux différents ou qui ont des cultures différentes, sans compter des candidats de plus en plus nombreux qui viennent de mouvements. «C’est certainement un grand défi de proposer une formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale à une communauté aussi diversifiée. Votre tâche n’est pas facile», a reconnu le Souverain pontife. «Voilà pourquoi l’attention au parcours de chacun tout comme l’accompagnement personnel sont plus que jamais indispensables», a-t-il déclaré, s’exclamant même: «N’ayez pas peur de la diversité», c’est «un don». «L’éducation à l’accueil de l’autre tel qu’il est sera la garantie pour le futur, d’un curé fraternel et uni dans l’essentiel», a-t-il ajouté.

Cette formation, elle se déroule dans le cadre du séminaire où doit être donné un témoignage de vie chrétienne. Pour que cela soit possible, a précisé le Saint-Père, «il est important de prendre soin de la qualité et de l’authenticité des relations humaines qui y sont vécues, et qui sont semblables à celles d’une famille, avec des traits paternels et fraternels». Il n’y a que comme cela que peut s’instaurer «la confiance réciproque, indispensable pour un bon discernement», et que le séminariste pourra «être lui-même», «authentique dans les rapports avec les autres», «collaborer pleinement à sa propre formation pour découvrir […] la volonté du Seigneur pour sa vie et y répondre librement».

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25 janvier 2025, 13:22