Pour la CEF, priorité à la lutte contre les abus et la pauvreté
Xavier Sartre - Cité du Vatican
La présidence de la Conférence des évêques de France est désormais au complet. Les évêques, actuellement réunis en assemblée plénière de printemps au sanctuaire de Lourdes, après avoir élu ce mercredi le cardinal Jean-Marc Aveline au poste de président, en remplacement de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, ont élu Mgr Benoit Bertand et Mgr Vincent Jordy vice-présidents. Pour le premier, évêque de Pontoise depuis 2024, c’est une première, pour le second, archevêque de Tours, c’est le maintien à une fonction qu’il a occupé ces trois dernières années. Ils entreront tous les trois en fonction à partir du 1er juillet.
Poursuivre les efforts pour lutter contre les abus
À peine élus, ils se sont présentés à la presse et ont eu l’occasion de réaffirmer que leurs priorités seront au moins au nombre de deux: la lutte contre les abus, qui avait déjà fortement marquée la présidence de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et la lutte contre la pauvreté. L’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram qui secoue l’enseignement catholique français depuis le début de l’année a été un des grands sujets de conversation. Avant même de se réunir en assemblée, les évêques ont mené un point d’étape en début de semaine sur ce combat, afin de «mesurer le chemin parcouru et de tracer des perspectives pour la suite».
Globalement, «ce dossier, le secrétariat général de l’enseignement catholique [qui chapote l’ensemble des établissements scolaires catholiques de France NDLR] le prend avec sérieux et je pense qu’il faut le laisser travailler», a estimé Mgr Jordy qui a eu l’occasion mercredi d’entendre avec Mgr Éric Moulins-Beaufort et Mgr Hugues de Woillemont trois membres du collectif de Bétharram qui ont témoigné de «choses que nous n’aurions jamais imaginé», a-t-il reconnu. Le rapport de la Ciase avait déjà abordé la question de l’école et des internats. «Ces réalités aujourd’hui, nous les voyons, nous les entendons. Il y a un travail qui doit se faire sans hésitation et sans tarder dans l’investissement qui doit être fait», a poursuivi l’archevêque de Tours.
«Au niveau de ces structures, il y a des choses à faire évoluer», a renchéri le cardinal Aveline. «Il faudra qu’on encourage sérieusement une révision de la façon dont nous travaillons en Église avec l’enseignement catholique», a-t-il ajouté.
Penser aux plus pauvres
Si ce dossier reste pour l’instant en tête des préoccupations, le cardinal Aveline n’en oublie pas pour autant une autre mission de l’Église catholique, celle «de montrer au monde l’amour de Dieu qui a des priorités dans lesquelles nous devons nous situer». «La Bible le dit assez souvent, la priorité ce sont les plus pauvres», a-t-il expliqué. «Quand on regarde la société aujourd’hui, c’est un défi énorme. Il y a la pauvreté économique, la pauvreté affective, il y a toute sorte de pauvreté».
«L’Église n’est pas la seule à y travailler, loin de là, et il n’y a pas besoin d’être chrétien pour être généreux, nous le voyons tous les jours, mais elle ne serait pas à sa place si elle n’essayait pas sur ces lignes de fracture de l’humanité aujourd’hui d’apporter aussi sa contribution à la lumière de la parabole du Bon Samaritain. C’est vrai pour les pauvres, c’est vrai pour les migrants, c’est vrai pour toutes sortes de population en difficulté», a affirmé le nouveau président de la CEF.
Par ailleurs, le cardinal Aveline a estimé qu’il y avait en interne «un travail d’enracinement spirituel qui est nécessaire à tous les étages de la vie de l’Église pour revenir à l’essentiel», et «un besoin de soigner la collégialité épiscopale».
Bien accueillir les jeunes
La nouvelle présidence de la CEF va prendre ses fonctions dans un contexte qui n’est pas que négatif. En témoigne la présence de nombreux jeunes notamment lors de la messe du mercredi des Cendres, comme l’a rappelé Mgr Jordy: «J’avais face à moi, dans la nef, mille personnes dont 80% avaient moins de trente ans». L’accueil de ces catéchumènes, de ces nouveaux baptisés est donc un défi auquel l’Église de France n’était pas nécessairement préparée comme l’a reconnu ensuite le cardinal Aveline.
«Il faut avoir l’humilité d’écouter ce que l’Esprit veut nous dire à travers eux. Il faut que nous les écoutions nous dire ce dont ils sont porteurs, où l’Esprit est allé les chercher, comment et que cela nous interroge aussi», a-t-il déclaré. «Du point de vue spirituel, mieux vaut une pauvreté offerte qu’une prospérité satisfaite, et il ne faudrait pas que nous tombions dans une pauvreté satisfaite», a modéré l’archevêque de Marseille.
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