Mgr Caccia: «Il faut un pas décisif vers un monde exempt d'armes nucléaires»
Augustine Asta – Cité du Vatican
«À l'heure où la menace d'un conflit nucléaire se rapproche à nouveau de manière alarmante, il est impératif de s'engager à nouveau, avec une urgence renouvelée, sur la voie du désarmement». Tel est l'appel lancé par Mgr Gabriele Caccia, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, lors des travaux de la Commission du désarmement qui se tiennent à New-York. Dans son discours ce 8 avril, l'archevêque a exprimé la préoccupation du Saint-Siège, face à «la prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive» qui multiplie «les risques et n'offre que l'illusion de la paix». D’ailleurs, rapelle Mgr Caccia cette prolifération «obscurcit le véritable chemin vers la paix». Aujourd'hui encore, tient-il a indiqué «la dissuasion est utilisée pour justifier la possession d'armes nucléaires, malgré la nature changeante et la complexité des conflits et la réalité indéniable que toute utilisation de ces armes aurait des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques». Pourtant ces multiples répercussions «ne feraient pas de distinction entre les combattants et les non-combattants et causeraient des dommages durables, portant préjudice aux générations actuelles et futures», note-t-il.
Le climat de peur et la dissuasion
Devant l'instabilité politique et les conflits qui continuent d'augmenter dans diverses régions du monde, «de nombreux États se sont tournés vers des solutions militaires pour tenter de sauvegarder leur souveraineté et de protéger leurs intérêts», remarque-t-il. Cependant, poursuit Mgr Caccia «ce changement a un coût important, non seulement en termes de ressources financières, mais aussi en termes d'érosion du multilatéralisme, du dialogue et de la coopération internationale, qui ont longtemps été les pierres angulaires de nos efforts collectifs». Dans un tel climat, la peur «est devenue le moteur de nombreuses politiques de défense, la dissuasion étant souvent considérée comme le principe directeur essentiel», déplore-t-il .
«On croit généralement que, dans les conditions modernes, la paix ne peut être assurée que sur la base d'un équilibre égal des armements [...]. Si un pays accroît sa puissance militaire, les autres sont immédiatement poussés par un esprit de compétition à augmenter leur propre approvisionnement en armements». Ces propos du Pape Jean XXIII ressortis dans son encyclique Pacem in Terris remarque-t-il ont «été prononcés il y a plus d'un demi-siècle», mais restent encore d’actualité dit-il. Puisque aujourd’hui encore, «le cycle d'accumulation d'armes et la logique de dissuasion favorisent une atmosphère de suspicion et de division qui éloigne la communauté internationale de la perspective de parvenir à une paix durable».
Technologies émergentes, un défi à relever
C’est pourquoi le Saint-Siège réitère son appel afin que tous les États «surmontent le sophisme de la dissuasion nucléaire et adhèrent au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN), faisant ainsi un pas décisif vers un monde exempt d'armes nucléaires».
Pour parvenir à une paix stable et durable, il est essentiel que la communauté internationale «s'attaque aux multiples défis posés par l'utilisation des technologies émergentes, y compris l'intelligence artificielle, dont la militarisation croissante pourrait poser de nouveaux risques existentiels», détaille-t-il. Le Saint-Siège encourage donc toutes les «nations à travailler ensemble afin d'établir un cadre juridique pour relever ces nouveaux défis». Mgr Caccia estime en revanche que les lignes directrices et les recommandations élaborés au cours de cette rencontre de haut niveau peuvent «constituer une contribution précieuse à l'adoption d'instruments contraignants, visant à garantir que l'utilisation des technologies nouvelles et émergentes n'alimente pas une escalade violente de quelque nature que ce soit», mais profite plutôt à «l'ensemble de l'humanité et à la paix dans le monde».
Avant de conclure, l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies, s’est référé aux propos du Pape François dans son discours aux membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 9 janvier 2025, qui rappelle avec force que: «Face à la menace de plus en plus concrète d'une guerre mondiale, la vocation de la diplomatie est de favoriser le dialogue avec toutes les parties, y compris les interlocuteurs considérés comme moins "commodes" ou non considérés comme légitimes pour négocier. Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible de briser les chaînes de la haine et de la vengeance et de désamorcer le pouvoir explosif de l'égoïsme, de l'orgueil et de l'arrogance humains, qui sont à l'origine de toute détermination destructrice de faire la guerre».
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