Proposition de cessez-le-feu en Ukraine, le Saint-Siège souhaite un dialogue sincère
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Trois jours après l'appel téléphonique, le Saint-Siège a confirmé la conversation entre le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État, et le président ukrainien. Selon un communiqué de la Salle de presse, Volodymyr Zelensky a à cette occasion souhaité un prompt rétablissement au Pape et a informé de l'initiative de cessez-le-feu, proposée par les Etats-Unis, à laquelle l'Ukraine a adhéré.
«À cet égard, le Saint-Siège, tout en renouvelant sa prière pour la paix en Ukraine, espère que les parties concernées saisiront l'occasion d'un dialogue sincère, non soumis à des conditions préalables d'aucune sorte et visant à parvenir à une paix juste et durable. En même temps, il encourage à ce que tous les efforts soient faits pour libérer les prisonniers», a poursuivi le communiqué du Saint-Siège en date du 17 mars.
Remerciements pour la médiation vaticane sur les enfants
L'entretien téléphonique de vendredi intervient quelques jours seulement après l’accord conclu par Kiev et Washington, lors des pourparlers de Djeddah pour un cessez-le-feu de 30 jours. «J'ai parlé avec le secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin. J'ai souhaité au Pape François un prompt rétablissement et je l'ai remercié pour ses prières et son soutien moral à notre peuple, ainsi que pour ses efforts visant à faciliter le retour des enfants ukrainiens illégalement déportés et déplacés de Russie», a indiqué le président ukrainien sur son compte X, anciennement Twitter.
«Le Saint-Siège a reçu une liste d'Ukrainiens détenus dans des prisons et des camps russes. Nous comptons sur un soutien pour leur libération» a-t-il poursuivi, soulignant que des échanges de prisonniers et un cessez-le-feu de 30 jours seraient «les premiers pas rapides» pour se rapprocher «d’une paix juste et durable». «L'Ukraine est prête à prendre ces mesures parce que le peuple ukrainien veut la paix plus que quiconque», fait savoir Volodymyr Zelensky, «et la voix du Saint-Siège est très importante» en ce qui concerne «ce chemin de paix».
Le travail pour les mineurs et les prisonniers
Ce n'est pas la première fois que le président ukrainien remercie publiquement le Saint-Siège pour son travail en faveur de la libération des mineurs ukrainiens, plus de 19 000, emmenés de force en Russie, mais aussi pour l'échange de prisonniers. Il avait lui-même été le premier à faire appel au réseau diplomatique du Vatican pour demander une intervention sur ces questions. Il l'avait également fait en 2023 lors de l’audience avec le Pape François, ainsi qu’à d’autres occasions.
La mission du cardinal Zuppi
En 2024, sur le réseau social X, Volodymyr Zelensky avait exprimé sa gratitude au Saint-Siège pour «les efforts» déployés «pour ramener chez eux», les deux religieux rédemptoristes Ivan Levytskyi et Bohdan Heleta, arrêtés en novembre 2022 et libérés par la Russie dans le cadre d'un échange de prisonniers avec l'Ukraine le 29 juin de l'année dernière. Le chef de l'État d’Ukraine s'est également montré satisfait de la mission du cardinal Matteo Maria Zuppi, visant à «apaiser les tensions dans le conflit en Ukraine». C'est précisément la mission du cardinal Zuppi, comme l'avait confirmé le cardinal Parolin à plusieurs reprises, qui a permis de mettre en place «un mécanisme» pour l'échange de prisonniers et le rapatriement des enfants.
Les nonces apostoliques en Ukraine et en Russie
C'est ce qu'avait également confirmé l'archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire du Vatican pour les relations avec les États et les organisations internationales, lors de son discours à la Conférence sur la formule de paix à Montréal, proposée par Volodymyr Zelensky en octobre 2024. Le sujet à l'ordre du jour était la «Proposition numéro 4» des dix points qui composent la formule: la «libération de tous les prisonniers et déportés». Cette assistance humanitaire était alors «l'objectif principal de la mission du cardinal Zuppi à Kiev et à Moscou», avait assuré Mgr Gallagher. Cette mission, soulignait-il, «a conduit à la création d'un cadre pour le rapatriement des enfants et l'échange régulier d'informations entre les deux parties. Des réunions en ligne ont également été organisées avec la participation des nonces apostoliques dans les deux pays», Mgr Visvaldas Kulbokas en Ukraine, et de Mgr Giovanni d'Aniello en Russie.
«La présence des deux nonces apostoliques est utile pour faciliter le dialogue», expliquait-il. Mgr Kulbokas, en particulier, a identifié des institutions catholiques prêtes à accueillir des familles avec des mineurs rapatriés. Et ce, alors que le Saint-Siège a réitéré «ses demandes de nouvelles listes d'enfants», transmis «des milliers de noms de prisonniers, demandant leur échange et leur libération» et «demandé à la partie russe le transfert des soldats ukrainiens décédés».
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