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Le Pape s'adressant aux journalistes lors de la traditionnelle conférence de presse aérienne. Le Pape s'adressant aux journalistes lors de la traditionnelle conférence de presse aérienne.  

Le Pape exhorte à «désarmer la communication»

Dans son message pour la 59e Journée mondiale des Communications sociales, le Pape François invite les communicants à rendre raison avec douceur de l’espérance qui est en nous. Dans un monde où les discours radicaux et de haine prolifèrent, le Saint-Père livre sa vision d’une communication capable de faire de nous les compagnons de route de nombreuses personnes, sans illusions ni peurs.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’est un message qui s’inscrit pleinement dans le Jubilé de l’espérance, qui est une invitation claire aux communicants, journalistes et communicateurs, à travailler à refuser la logique de la «peur» et du «désespoir», des «préjugés» et du «ressentiment», du «fanatisme» et de la «haine» et à courir «le risque» de l’espérance. François y exprime son rêve d’une communication «tissée de douceur, de proximité» qui «soit capable de donner des raisons d’espérer».

Faisant référence à Don Tonino Bello, à Bernanos, à Martin Luther King et à Benoît XVI, François dresse d’abord le constat d’une époque marquée par «la désinformation et la polarisation», la concentration et le contrôle des données et de l’information par «quelques centres de pouvoir». La communication aujourd’hui «utilise la parole comme une lame» pour «envoyer des messages destinés à exciter, à provoquer, à blesser», déplore le Pape. Sans oublier «le détournement programmé de l’attention», autrement dit le fait que les algorithmes nous orientent «selon les logiques du marché» et «modifient notre perception de la réalité». Autre plaie, «l’identification d’un “ennemi” contre lequel se déchaîner verbalement soit indispensable pour s’affirmer».

Purifier la communication de toute agressivité

Pour François, «nous ne pouvons pas accepter cette logique», car «réduire la réalité à des slogans ne peut jamais apporter rien de bon». D’où la nécessité, maintes fois répétée par le Saint-Père de «désarmer la communication, de la purifier de toute agressivité» et pour les communicants de devenir «des communicateurs d’espérance».

Comme le rappelait Bernanos, «l’espérance est un risque à courir. C’est même le risque des risques», et comme l’expliquait Benoît XVI, «l’espérance n’est pas un optimisme passif mais, au contraire, une vertu “performative”, capable de changer la vie», «une vertu cachée, tenace et patience», ajoute François. Se basant sur la première lettre de Pierre, le Souverain pontife souligne trois messages à retenir: «l’espérance des chrétiens a un visage, celui du Seigneur ressuscité», tout d’abord. Ensuite, il faut être prêt à «rendre raison de l’espérance qui est en nous», les chrétiens reflétant «la beauté» de l’amour de Dieu, «une nouvelle façon de vivre toute chose». Enfin, la communication des chrétiens doit être «tissée de douceur, de proximité».

Mettre en valeur la beauté et l'espérance

D’où les rêves de François, d’«une communication capable de faire de nous les compagnons de route de nombreux frères et sœurs, de raviver en eux l’espérance en ces temps troublés», «de parler au cœur, de susciter non pas des réactions passionnées de fermeture et de colère, mais des attitudes d’ouverture et d’amitié», «de mettre en valeur la beauté et l’espérance, même dans les situations apparemment les plus désespérées», «de susciter l’engagement, l’empathie, l’intérêt pour les autres», «reconnaître la dignité de tout être humain et à prendre soin ensemble de notre maison commune».

En somme, le Pape ne veut pas d’une communication qui vende des illusions et des peurs, malade du «protagonisme et de l’autoréférentialité», et qui parle mal des autres. Il désire au contraire un communicateur qui permet à son auditoire de «prendre part», d’«être proches», de «trouver le meilleur d’eux-mêmes», et d’«entrer avec ces attitudes dans les histoires qui leur sont racontées».

Guérir les blessures de l'humanité

Pour François, «l’espérance est toujours un projet communautaire», car «nous nous mettons en route ensemble». Le Jubilé le rappelle. Il nous montre aussi «la nécessité d’une communication attentive, douce, réfléchie, capable d’indiquer des voies de dialogue». Le Pape encourage ainsi à «découvrir et à raconter les multiples histoires porteuses de bien, cachées dans les plis de l’actualité». «Cela aide le monde à être un peu moins sourd au cri des plus petits, un peu moins indifférent, un peu moins fermé», estime-t-il. C’est cette communication qui «peut aider à tisser la communion, à nous faire sentir moins seuls, à redécouvrir l’importance de marcher ensemble».

François adresse alors quelques conseils aux communicants, comme être «doux» et ne pas oublier «le visage de l’autre», parler aux cœurs de chacun, ne pas laisser «les réactions instinctives guider» leur communication qui doit savoir «guérir les blessures de notre humanité». Ils doivent devenir témoins et promoteurs «d’une communication non hostile, diffusant une culture de l’attention, construisant des ponts et transperçant les murs visibles et invisibles de notre époque», et conteurs «des histoires d’espérance, en prenant à cœur notre destin commun et en écrivant ensemble l’histoire de notre avenir».

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24 janvier 2025, 12:19