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Élection du nouveau président au parlement libanais Élection du nouveau président au parlement libanais 

Liban: élection d'un nouveau président et les chantiers à venir

Le Liban entre dans une nouvelle phase de son existence avec l’élection de son président au terme de deux ans de vacance du pouvoir. Les priorités sont nombreuses en matière de stabilité, de relance économique et de sécurité.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Au lendemain du discours du Pape François aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, auquel il a assisté pour la première fois, le nouvel ambassadeur du Liban au Vatican, M. Ghady El-Khoury est passé dans les studios de Radio Vatican pour commenter cette rencontre et surtout dessiner des perspectives pour son pays et la région, qui connaît depuis quelques mois de nombreux bouleversements géopolitiques. Le diplomate raconte avoir été ému de l'attention que le Saint-Père lui a portée lorsqu'ils se sont serrés la main à l'issue du discours. «Il a eu des mots très affectueux pour le peuple libanais et les chétiens du Liban» confie Ghady El-Khoury. 

Le diplomate libanais, qui a été chargé d'affaires à l'ambassade de son pays à Paris pendant onze ans et qui était, avant d'être nommé à Rome, directeur des affaires politiques et consulaires au ministère des Affaires étrangères à Beyrouth, s'étonne de voir combien la diplomatie du Saint-Siège porte une attention particulière au pays du Cèdre. «De nombreux collègues ambassadeurs m'ont parlé de leurs rencontres à la Secrétairie d'État et me disaient qu'on leur évoquait le Liban. Ils m'ont rappelé que mon pays est un point focal de la diplomatie. Cela me donne d'importantes responsabilités», explique-t-il. Au micro de Radio Vatican-Vatican News, Ghady El-Khoury revient sur ses espoirs pour son pays après l'élection le 9 janvier de Joseph Aoun au poste de président de la République mais aussi de la reconfiguration en cours en Syrie. 

Comment avez-vous accueilli l'élection d'un nouveau président dans votre pays, après plus de deux années de vacance institutionnelle?

Le Liban a vécu une période très dure. Cela fait depuis 2019 qu'il vit une crise où nous avions un vide institutionnel qui a accentué la crise, et nous n'avions pas le pouvoir de remédier aux problèmes. Mais j'ai l'impression que depuis trois ou quatre ans, l'élection de Joseph Aoun était presque prédestinée. C'était la personnalité à laquelle les Libanais faisaient le plus confiance, celle qui dégageait le plus d'assurance et de stabilité pour le peuple. Il faut remercier quelque part la diplomatie internationale, mais surtout, entre autres, la diplomatie du Vatican qui a œuvré sans cesse un pour qu'il n'y ait pas un vide pour ce poste qui concerne un chrétien et qui est le plus important au Moyen-Orient, celui du président. Quelque part, il y a une conception chez les chrétiens du Moyen-Orient qui consiste à dire "si les chrétiens libanais vont bien, tout le monde va bien". Pour les musulmans aussi il est important d'avoir des chrétiens au Liban. Beaucoup d'amis me disent que le Liban sans les chrétiens perdrait toute sa valeur. 

Aujourd'hui, le Liban a donc un président et la Syrie voisine, qui a eu une influence très forte sur votre pays, a vécu aussi un bouleversement avec la chute d'une dictature il y a quelques semaines. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre aujourd'hui pour votre pays?

Certainement. Ce qui se passe en Syrie, c'est un grand bouleversement pour ce pays qui a vécu pendant les cinq dernières décennies sous l'ère d'un Assad, d'une forme ou d'une autre. Donc quelque part, une nouvelle page s'ouvre pour eux. C'est au peuple syrien de décider son futur comme il l'entend. Nous souhaitons aussi une Syrie stable et prospère. Une Syrie stable ne peut que se refléter positivement pour le Liban. L'avènement d'une Syrie démocratique peut pousser la région vers une stabilité, et faire en sorte que l'on se concentre plus sur les problèmes sociaux-économiques que sur les petites guerres entre voisins. 

Le Liban est devant une nouvelle phase de son existence. Quelles sont les priorités selon vous, les urgences les plus fortes pour votre pays?

Dans son discours inaugural, le président de la République a détaillé toutes ces urgences. Techniquement, il y a plusieurs chantiers à mener en même temps. Parmi les priorités urgentes figurent la stabilité dans le Sud et le retrait des forces israéliennes du territoire libanais, tout comme le début de la reconstruction des villages totalement détruits, que ce soit dans le sud du pays, la banlieue sud à Beyrouth ou dans la plaine de la Bekaa. Nous avons en même temps énormément d'autres chantiers économiques, celui de la sécurité interne ou du renforcement de l'armée. Tous ces chantiers sont importants. On a pris tellement de retard, qu'il faut travailler tout en même temps. 

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11 janvier 2025, 14:49