Le Pape se souvient des martyrs de Chimbote, «pasteurs de communion»
Antonella Palermo - Cité du Vatican
«Authentiques pasteurs»: c’est ainsi que Léon XIV se souvient aujourd’hui, 6 décembre, dix ans après leur béatification, de Michal Tomaszek, Zbigniew Strzalkowski et Alessandro Dordi, prêtres missionnaires qui partageaient la vie de leurs communautés en célébrant l’Eucharistie et administrant les sacrements, en organisant la catéchèse et en soutenant des œuvres caritatives, dans des contextes de pauvreté et de violence. Les martyrs de Chimbote ont été assassinés en 1991 en haine de la foi, après avoir décidé de rester parmi leur «troupeau» au sein duquel ils exerçaient leur ministère. Les deux frères polonais furent tués le 9 août après la messe célébrée dans l’église paroissiale de Pariacoto. Un commando de l’organisation terroriste du Sentier lumineux prit d’assaut l’église, les enleva et, après les avoir interrogés, les assassina dans le petit village de Pueblo Viejo. Le soir du 25 août, après une série d’intimidations, le prêtre italien Alessandro Dordi fut tué par les mêmes guérilleros, victime d'une embuscade sur le chemin du retour au presbytère.
Dévouement et amour pour les autres
Dans son message à l’Église péruvienne, le Pape souligne que le charisme personnel de chacun de ces missionnaires n’était pas source d’orgueil, mais qu’il s’exprimait comme une offrande unique d’amour au Seigneur et à son peuple, à l’image de leur sang. L’autorité de la vie donnée, explique Léon XIV, illustre la véritable communion: des origines diverses, des styles variés, des contextes multiples, des dons divers, mais «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous», comme l’écrivait saint Paul.
Chacun avait une manière unique d'aborder les gens et d'exercer son ministère. Mais au Pérou, cette diversité n'a pas créé de distance; au contraire, elle est devenue un atout. À Pariacoto et dans la région de Santa, ils partageaient le même zèle, le même dévouement et le même amour pour le peuple -en particulier pour les plus démunis- portant dans leur cœur, avec une affection pastorale, les préoccupations et les souffrances des habitants de ces terres.
Des histoires différentes réunies par le Christ
En une époque marquée par des sensibilités divergentes où, comme le remarque Léon XIV, il est facile de tomber dans des «dichotomies stériles ou des dialectiques», les bienheureux de Chimbote nous rappellent que «le Seigneur est capable d’unir ce que notre logique humaine tend à séparer». Ainsi, le Souverain pontife revient sur un thème qui lui est cher: l’unité. Il cite Lumen Gentium, qui souligne que ce qui nous unit n’est pas une convergence complète des opinions, mais la décision de conformer notre opinion à celle du Christ. Vient ensuite son témoignage personnel de la mission: «Ayant moi aussi servi dans ce pays bien-aimé, je retrouve en eux quelque chose de profondément familier à ceux qui ont vécu la mission et, en même temps, d'essentiel pour toute l'Église: la communion qui naît lorsque des histoires si différentes sont rassemblées par le Christ et en Christ, de sorte que ce que chacun est et apporte, sans cesser d'être propre, finit par se fondre en un seul témoignage de l'Évangile pour le bien et l'édification du peuple de Dieu».
L’Église a besoin de retourner au Christ
Le Successeur de Pierre voit dans l’anniversaire de la béatification une invitation à l’Église de Chimbote à renouveler son ouverture à l’apostolat. Et, plus généralement, pour l’Église d’aujourd’hui, un avertissement: face au danger, il est nécessaire de se souvenir que «l’histoire n’est ni terminée, ni étrangère à la grâce».
Aujourd’hui, face aux défis pastoraux et culturels qui se présentent à l’Église, leur mémoire appelle à un choix décisif: revenir à Jésus-Christ «comme critère de nos choix, de nos paroles et de nos priorités». Revenir à Lui avec cette fermeté de cœur qui ne recule devant rien, même lorsque la fidélité à l’Évangile exige le don total de soi et de sa propre vie. C’est seulement lorsqu’Il est «notre point de repère» que la mission retrouve sa pleine signification et que l’Église se souvient du sens de son existence.
Ne pas craindre de l'appel de Dieu.
Enfin, le Pape s'adresse aux jeunes, les invitant à obéir à l'appel de Dieu, à l'exemple des trois bienheureux. L'enseignement qu’il est possible de tirer de leur vie est précisément une exhortation à ne pas assimiler la jeunesse à une fragilité: «La fécondité de la mission, précise le Pape, ne dépend pas de la longueur du chemin, mais de la fidélité avec laquelle nous le parcourons».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici
