À Saint-Pierre, vingt ans après, l’heureuse mémoire de Jean-Paul II célébrée
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Nous nous souvenons du chemin de croix du Vendredi Saint au Colisée. Nous nous souvenons de son apparition à la fenêtre de la place pour une bénédiction de Pâques sans voix. Nous nous souvenons de l'attente de la rencontre de notre cher Pape avec le Seigneur, qui a eu lieu le soir, à la veille du dimanche de la Miséricorde.» Ainsi le cardinal Pietro Parolin, aujourd’hui Secrétaire d’État, mais à l’époque sous-secrétaire de la section pour les Relations avec les États, a débuté son homélie d’hommage au défunt Pape devant l’intégralité des cardinaux curiaux et de nombreux venus de Pologne. À proximité de la tombe de Jean-Paul II devant laquelle les flux de pèlerins désemplissent rarement, toute la vie et le pontificat de Karol Wojtyla ont été loués pour «sa transparence totale et continue sous le regard de Dieu». Et le cardinal Parolin de livrer l’un des fondements «de l'extraordinaire courage et de la constance du témoignage de foi» de Jean-Paul II: «Il n'a jamais cherché à plaire aux hommes, mais à Dieu.» Lui qui avait la tâche «d’introduire l’Église dans le Troisième Millénaire», selon le mot du primat de Pologne de l’époque, Stefan Wyszynski.
Des «extrémités de la terre» au troisième millénaire
Une mission ecclésiale et historique à laquelle il s'est engagé à répondre «de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces» au cours des vingt-six années de son immense pontificat, en se rendant dans les coins les plus reculés de la planète, pèlerin infatigable «jusqu'aux extrémités de la terre», pour y porter l'annonce de l'Évangile de Jésus. En cette Année sainte 2025 centrée sur l’espérance, autant de leçons nous parviennent de la confiance qu’il avait placée au cœur du Grand Jubilé de l’an 2000, sur lequel il avait son regard fixé depuis longtemps, et qui fut le moment culminant de son existence, «presque l'accomplissement de sa mission», selon le cardinal Parolin. Nombre de ses appels et avertissements hélas sont restés lettre morte, a-t-il déploré, comme cela arrive aux grands prophètes.
Un pasteur proche des cœurs
Comme l’a souligné son ancien secrétaire particulier le cardinal Stanislaw Dziwisz, concélébrant la messe avec le président des évêques de Pologne, Jean-Paul II, venu «d’un pays lointain», s’est fait proche du cœur de millions de fidèles dans le monde entier. Ils sont innombrables les pèlerins qui viennent continuellement à Saint-Pierre demander son intercession à l'autel où repose son corps, et où s’est achevée la célébration eucharistique ce mercredi. Fabrizio, paroissien engagé du diocèse de Cascia dans la province de Pise, affirme avec ses camarades de groupes munis d’un fichu aux couleurs du jubilé de l’espérance, qu’il ne «pouvait manquer ce soir cette messe de commémoration» dans le cadre de son pèlerinage. Jean-Paul II était pour lui une figure essentielle et une pierre angulaire de l’Église. Un sentiment partagé avec un sens d’appartenance et de responsabilité accrus en découlant par les nombreux fidèles polonais venus expressément à Rome pour l’occasion. Marek fait, lui, partie d’un groupe ayant revêtu des anoraks et tee-shirts labellisés Solidarnosc (du nom de l’historique syndicat ayant contribué à la chute du communisme). «Comme Polonais, nous sommes une part de l’Église dont on espère qu’elle est fervente et fidèle aux Écritures et au Christ. Jean-Paul II est notre point de référence aussi en termes de réflexion. C’est le père de Solidarnosc», sourit cet homme originaire de Lublin, où se trouve l’une des principales universités catholiques du pays renommée comme tant d’autres lieux d’après le nom du Pape après sa mort.
Mais Jean-Paul II, dont le magistère doctrinal semble total, a prodigué de nombreux enseignements moraux. Originaire de Wadowice, village natale de Jean-Paul II, Justyna venue avec ses quatre enfants et son mari, tous habillés en tenue folklorique traditionnelle de Petite-Pologne, témoigne d’un héritage précieux pour les familles. «Jean-Paul II a fait irruption dans notre vie dès l’enfance. On a eu de la chance d’être cette génération qui est née pendant son pontificat et entrée dans l’âge adulte lorsqu’il nous a quittés. Nous sommes venus le remercier pour son action pour la Pologne, la jeunesse, la famille, la vie, la dignité humaine». Autant de valeurs qu'elle souhaite transmettre à ses enfants en cohérence avec celui qui souhaitait qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille et qui veille depuis les cieux comme saint patron de la jeunesse.
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