Selon François, plus qu'une profession, le journalisme est une vocation et une mission
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Plus de 9 000 journalistes, communicants et professionnels de médias catholiques, sont venus du monde entier pour participer au Jubilé du monde de la communication, premier grand événement de l'Année Sainte. Des rencontres et réflexions autour de la communication sont au cœur de cet événement spécial qui se tient à Rome jusqu’au 26 janvier.
Des journalistes risquant leur vie, à la recherche de la vérité
Dans la matinée de ce samedi, le Pape a accueilli en audience dans la Salle Paul VI du Vatican, ce monde de la communication en cette période du Jubilé, «célébré à un moment difficile de l'histoire de l'humanité», car «le monde est encore blessé par les guerres et la violence» faisant couler le sang de nombreux innocents. Au milieu de tous ces conflits atroces, des journalistes continuent d’exercer leur métier. Dans son discours, le Pape remercie du fond du cœur «tous les professionnels de la communication qui risquent leur vie pour rechercher la vérité et dénoncer les horreurs de la guerre». Il assure de ses prières «tous ceux qui ont sacrifié leur vie au cours de l'année écoulée, l'une des plus meurtrières pour les journalistes».
Le Successeur de Pierre mentionne également ces hommes et femmes de médias emprisonnés dans le monde, «pour avoir été fidèles à la profession de journaliste, de photographe, de vidéaste; pour avoir voulu aller voir de leurs propres yeux, et pour avoir essayé de rapporter ce qu'ils ont vu». En cette Année Sainte, le Pape lance un appel pressant aux gouvernants: celui de «faire en sorte que tous les journalistes injustement emprisonnés soient libérés. Qu'une "porte" leur soit également ouverte, par laquelle ils puissent retrouver la liberté». François estime que «la liberté des journalistes accroît notre liberté à tous. Leur liberté est la liberté de chacun d'entre nous».
Défendre la liberté d’expression
Tout comme l’ont fait ses prédécesseurs, le Pape argentin demande à ce que la liberté de la presse et la liberté d'exprimer ses pensées, soient défendues et protégées, de même que le droit fondamental d'être informé. «Une information libre, responsable et correcte est un patrimoine de connaissances, d'expériences et de vertus qui doit être préservé et promu». Sans cela, «nous risquons de ne plus distinguer la vérité du mensonge; nous nous exposons à des préjugés et à des polarisations croissantes qui détruisent les liens de la coexistence civile et empêchent de reconstruire la fraternité».
Une vocation et une mission
Poursuivant, le Pape s’est ensuite intéressé au métier de journaliste qui, «plus qu'une profession, est une vocation et une mission» selon lui. Et dans ce sens, interpelle-t-il: «vous, les communicateurs, avez un rôle fondamental à jouer dans la société d'aujourd'hui, en racontant les faits et en les racontant de la manière dont vous les racontez». Le langage, l'attitude et le ton peuvent être décisifs et faire la différence entre une communication qui ravive l'espérance, construit des ponts, ouvre des portes, et une communication qui, au contraire, accroît les divisions, les polarisations, les simplifications de la réalité, explique-t-il.
Dans le cadre de cette mission précieuse, le Pape François exhorte les professionnels de la communication à se mettre «du côté de ceux qui sont marginalisés, de ceux qui ne sont ni vus ni entendus», et aussi «à raviver -dans le cœur de ceux qui vous lisent, vous écoutent, vous regardent- le sens du bien et du mal, la nostalgie du bien que vous racontez et dont, en le racontant, vous êtes les témoins».
S’armer de courage
Le «changement nécessaire pour vaincre le mensonge et la haine» passe par le courage, cette force qui vient du cœur et qui permet d'affronter les difficultés et les défis sans être submergé par la peur, note François. «La liberté, c'est le courage de choisir». Le Souverain pontife invite donc à saisir l'occasion du Jubilé pour renouveler, pour redécouvrir ce courage de libérer le cœur de ce qui le corrompt; mais aussi «à remettre le respect de ce qu'il y a de plus haut et de plus noble dans notre humanité, au centre du cœur», tout en «évitant de le remplir de ce qui le pourrit». Pour lui, les choix de chacun comptent.
Une éducation aux médias
Pour «éduquer les autres à la pensée critique, à la patience du discernement nécessaire à la connaissance», et «pour promouvoir l'épanouissement personnel et la participation active de chacun à l'avenir de sa communauté, fait comprendre l’évêque de Rome, «nous avons besoin d'une éducation aux médias», mais aussi «d'entrepreneurs et ingénieurs logiciels courageux, afin que la beauté de la communication ne soit pas corrompue». Les grands changements «ne peuvent être le résultat d'une multitude d'esprits endormis», mais commencent plutôt par «la communion de cœurs éclairés», comme celui de Saint Paul, dont l'Église célèbre aujourd'hui la conversion.
Trouver les mots justes pour toucher les coeurs
Son changement de vie et sa «métamorphose» ont été provoqués par sa rencontre directe avec Jésus ressuscité et vivant. Le pouvoir de s'engager sur la voie d'un changement transformateur, relève-t-il, est toujours généré par une communication directe entre les personnes. «Pensez au pouvoir de changement potentiellement caché dans votre travail, chaque fois que vous réunissez des réalités qui, par ignorance ou par préjugé, sont en opposition», conseille le Pape argentin. La conversion de Paul étant née de la lumière qui l'a enveloppée et de l'explication donnée plus tard par Ananie à Damas, «votre travail aussi peut et doit rendre ce service: trouver les mots justes pour ces rayons de lumière qui peuvent frapper le cœur et nous faire voir les choses différemment».
Raconter des histoires d’espérance
En cette année jubilaire, le Pape invite tous les journalistes et communicants à raconter également «des histoires d'espérance, des histoires qui nourrissent la vie». «Lorsque vous racontez le mal, laissez la place à la possibilité de réparer ce qui est déchiré, au dynamisme du bien qui peut réparer ce qui est brisé. Semez des questions». Raconter l'espérance, «c'est voir les miettes cachées du bien même quand tout semble perdu, c'est permettre l'espérance; c'est avoir un regard qui transforme les choses, qui les fait devenir ce qu'elles pourraient être, ce qu'elles devraient être. C'est faire marcher les choses vers leur destin», a conclu François.
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