L’Unicef alerte sur la pire épidémie de choléra depuis 25 ans en RDC
Vatican News
La République démocratique du Congo traverse sa pire épidémie de choléra depuis un quart de siècle, a annoncé l’Unicef dans un rapport publié le 8 décembre 2025. Depuis le début de l’année, 64 427 cas ont été recensés, dont 1 888 décès. Parmi eux, 14 818 cas concernent des enfants et 340 décès, un bilan particulièrement préoccupant pour l’organisation internationale.
«Il est inadmissible que les enfants congolais soient si durement touchés par une maladie entièrement évitable», déclare John Agbor, représentant de l’Unicef en RD Congo. Il appelle les autorités à «accroître leurs investissements dans l’eau, l’assainissement et les services de santé, notamment dans les zones les plus touchées par le choléra, afin de mieux protéger la santé et le bien-être des familles et des enfants congolais».
Une épidémie qui touche 17 provinces, y compris la capitale
Dix-sept des vingt-six provinces du pays sont actuellement affectées, y compris Kinshasa, une région historiquement peu touchée par la maladie. En moyenne, 23,4 % des cas concernent des enfants, même si cette proportion varie d’une région à l’autre. Dans certains contextes, les conséquences ont été dramatiques. À Kinshasa, dans un foyer d’accueil, 16 des 62 enfants sont décédés en quelques jours après que la maladie s’est propagée dans l’établissement.
Accès limité à l’eau potable et à l’assainissement: un facteur aggravant
Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS 2024–2025), seuls 43 % des Congolais disposent d’un accès minimal à l’eau potable, soit le taux le plus bas d’Afrique. L’accès à un assainissement de base ne concerne que 15 % de la population.
Cette situation fragilise considérablement les efforts de prévention du choléra. Les facteurs aggravants sont nombreux: d’abord les conflits et déplacements de population, en particulier dans l’Est du pays; ensuite les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les fortes pluies et inondations; et enfin l’urbanisation rapide et non planifiée, qui entraîne une surpopulation urbaine et l’effondrement des infrastructures d’eau et d’hygiène. Dans des régions comme Kinshasa, la méconnaissance des symptômes et les retards dans la prise en charge contribuent à des taux de mortalité très élevés.
Des plans existent, mais restent sous-financés
Le gouvernement a élaboré un Plan multisectoriel pour l’élimination du choléra (PMSEC 2023–2027), doté d’un budget prévisionnel de 192 millions de dollars. Toutefois, le programme souffre d’un sous-financement sévère. L’examen à mi-parcours, réalisé en mai 2025, recommande un renforcement de la coordination et des investissements supplémentaires.
En parallèle, une initiative intitulée «Fleuve Congo sans choléra» a été lancée récemment pour améliorer les mesures de prévention dans les ports, promouvoir l’hygiène à bord des navires et garantir l’accès à l’eau potable le long du fleuve.
L’action de l’Unicef: plus de 13 millions de personnes sensibilisées
Grâce à ses actions sur le terrain, l’Unicef a déjà sensibilisé 13,5 millions de personnes entre janvier et octobre 2025, afin de leur apprendre à prévenir et à reconnaître le choléra. Mais l’organisation tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. «Le financement prévu pour 2026 semble très fragile», déplore John Agbor. «Sans financement supplémentaire et sans action coordonnée, de nombreuses vies pourraient être perdues» a-t-il ajouté. L’Unicef estime à 6 millions de dollars les fonds nécessaires pour assurer un mécanisme d’intervention rapide en 2026.
L’épidémie actuelle, l’une des plus meurtrières depuis 25 ans, met en lumière les défis majeurs auxquels la RDC est confrontée en matière de développement, de stabilité et d’accès aux services essentiels. Elle rappelle aussi l’urgence de renforcer la solidarité internationale, la coopération humanitaire et l’engagement du pays dans des politiques durables de santé et d’assainissement.
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