380 millions de chrétiens persécutés dans le monde en 2024
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«On observe une explosion de la persécution tant sur le nombre de pays concernés que sur l’intensité: c'est un phénomène global qui touche 78 pays du monde». Tel est le cri d’alarme poussé par Guillaume Guennec, directeur du plaidoyer de l’organisation Portes ouvertes. Son rapport publié ce mercredi 15 janvier déplore 380 millions de persécutés en raison de leur foi dans le Christ en 2024. La Corée du Nord conserve la première place du classement, qu’elle a gardé presque sans discontinuer depuis 2022, en raison de l’absolue interdiction de pratiquer sa foi librement. «Les chrétiens n’ont pas le droit d’exister en Corée du Nord», résume le rapport.
Les chiffres avancés par le rapport font état de 4476 chrétiens tués avec 3100 d’entre eux au Nigeria. La région d’Afrique subsaharienne est en effet secouée par de nombreux massacres de chrétiens, comme lors des célébrations de Noël en 2023 au Nigeria. Environ 200 chrétiens avaient été tués par des bergers musulmans Fulani. Le pasteur Ayuba Matawa, qui s’est occupé des 32 000 personnes déplacées lors de ces attaques, témoigne de ce qu’il a vu.
De plus, Portes Ouvertes recense 4744 chrétiens détenus, une majorité en Inde. 7679 églises ont été attaquées, dont plus de la moitié au Rwanda.
Les églises forcées à la clandestinité
Or, la persécution ne prend pas uniquement la forme de meurtres, de rapts ou de détention. L’ONG protestante, qui célèbre ses 70 ans d’existence, prend en compte la pression subie par les chrétiens dans leur vie quotidienne et sociale: ont-ils le droit d’avoir une Bible, un égal accès à l’emploi et aux infrastructures publiques. Elle est attentive également à la liberté de culte, à la vie ecclésiale.
Une inquiétude en Amérique latine
Le rapport pointe du doigt l’autoritarisme de certains pays, qui voient dans le christianisme une défiance envers l’identité et la culture nationale. Une réalité qui se retrouve partout dans le monde, et notamment en Amérique latine, un endroit du monde pourtant à majorité chrétienne. «C’est une tendance qui est inquiétante sur le long terme», souligne le directeur du plaidoyer de Portes Ouvertes. «Ce sont des pays qui sont marqués par un très haut niveau de violence, et dans les régions qui sont contrôlées par les cartels, il y a souvent une opposition qui se crée avec les responsables d'église qui vont dénoncer toutes ces pratiques, qui vont encourager les fidèles à ne pas participer au trafic de drogue». Certains trafiquants de drogue n’hésitent alors pas à user de leurs armes, ou à exercer un chantage en recrutant dans leurs bandes des enfants de pasteurs.
Une hausse du nombre de chrétiens
La hausse du nombre de chrétiens persécutés s’explique aussi par une hausse du nombre de chrétiens dans ces zones. «C'est un paradoxe, mais ça montre aussi à quel point l'Église est résiliente et combien elle est capable d'être sel et lumière même dans les pays où ils sont persécutés», souligne Guillaume Guennec.
Le rapport relaie enfin une baisse de la persécution dans quelques pays. En Indonésie par exemple, pays dans lequel s’est rendu le Pape en septembre 2024, aucun incident d’ampleur n’a été constaté, quand les églises étaient régulièrement attaquées à la bombe lors des années précédentes. De même en Colombie, l’ONG constate une baisse des meurtres de prêtres et de pasteurs, et «de tous les chrétiens qui prennent la parole contre les injustices, le trafic de drogue et qui sont tués par les cartels».
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