Recherche

Image d'illustration. Image d'illustration. 

RDC: La mission du CICM auprès des détenus à Kananga

La Congrégation de Cœur Immaculée de Marie (CICM) inclut dans sa mission l'accompagnement des plus démunis, destinataires privilégiés du Royaume de Dieu. Leur démonstration de l'amour de Dieu par l'action passe notamment par l’accompagnement des prisonniers. Dans un entretien accordé à Radio Vatican, le père Ivo Vanvolsem, aumônier à la prison centrale de Kananga depuis plusieurs années, livre un témoignage marquant sur le respect de la dignité humaine, à l'occasion du Jubilé des détenus.

Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican

«C'est depuis 37 ans que je suis aumônier à la prison de Kananga», au sud-ouest de la République démocratique du Congo, explique le père Ivo Vanvolsem de la Congrégation de Cœur Immaculée de Marie (CICM). «Pour le moment, nous sommes organisés de telle façon qu’il y a toujours des jeunes candidats, âgés entre 18 et 20 ans, qui aspirent à la vie missionnaire, qui sont attirés par notre mission et qui veulent s'engager pour les prisonniers».

Etablir une dimension d’écoute orientée vers l’autre

Dans le charisme scheutiste, l’esprit d’écoute est marqué par la volonté de comprendre l’autre sans le juger ni le condamner. Le père Ivo explique combien cette dynamique, basée sur les discussions avec les détenus, commence souvent dans un esprit de méfiance et aboutit par des échanges constructifs. «Nous sommes là pour écouter leurs problèmes, leurs histoires avec beaucoup de patience, pour les encourager et les conseiller; même si au début, ceux qui viennent d'arriver, souvent, ne racontent pas la vérité. Après plusieurs causeries, petit à petit, la vérité apparait quand même.» Donc, conclut-il, nous essayons d’établir une relation de confiance avec le prisonnier.

Un apostolat marqué par plusieurs défis liés à la pauvreté

Pour le père Ivo, cet engagement, qui consiste à porter l'espérance et la compassion dans des lieux souvent marqués par la souffrance et l'isolement, est sujet à plusieurs défis. À la question de savoir quels sont les défis qu’il est appelé à relever dans un contexte si complexe, l’aumônier de la prison centrale de Kananga commence par la pauvreté qui marque la population carcérale: «Il faut savoir que la majorité des prisonniers de Kananga sont des pauvres. Ceux qui ont beaucoup d'argent ne font pas longtemps en prison ou bien n'y arrivent même pas car ils vont payer avant d'arriver en prison pour qu'ils n'y arrivent pas».  Au niveau de nos tribunaux, poursuit-il, «il faut toujours de l'argent pour être informé sur un dossier, ou pour que quelqu'un, qui a pourtant droit à la liberté, soit vraiment libéré».

En prison, appliquer le charisme évangélique scheutiste

L'engagement des aumôniers de prisons et des agents pastoraux en milieu carcéral repose sur le témoignage du Christ crucifié. Le père Vanvolsem explique cette spiritualité en rappelant la séquence de la visite de Nicodème chez Jésus (Jean 3,16) ainsi que sur les trois prisonniers, dont Jésus, condamnés à mort (Luc 23, 39).  Dans un tel contexte, la forme de spiritualité que le père Ivo applique passe par les célébrations eucharistiques qu’il célèbre chaque dimanche au sein de cette prison. Plusieurs prisonniers, même ceux qui ne sont pas chrétiens, y prennent part. «Ils cherchent un peu de lumière dans leur vie… Et donc dans nos prédications, pendant ces célébrations eucharistiques, nous essayons de les encourager dans le sens positif que Dieu pardonne; que Dieu est amour».

La dignité humaine est inaliénable même en prison

Le Père Ivo Vanvolsem termine ce témoignage par un message qu’il adresse à la communauté chrétienne et à la société civile à l’occasion du Jubilé des détenus. Pour lui, la pitié de Dieu est sans limite, sans frontières. «C'est pourquoi, poursuit-il, nous avons donné le nom de saint Nicodème comme patron de notre communauté chrétienne à la prison centrale de Kananga». Dans sa causerie avec Jésus, il lui dit qu'il faut renaitre pour avoir la vie complète, au nom de Dieu. Et dans cette causerie, Jésus lui répète qu'Il n'est pas venu pour condamner, qu’il est venu pour sauver. Un autre aspect de ce message revient, c’est la spiritualité des trois prisonniers condamnés à mort, le Vendredi Saint, près de Jérusalem. Cette séquence de l'Evangile, où Jésus promet le paradis au larron qui se convertit, encourage beaucoup de prisonniers qui découvrent que Dieu est amour. Dieu pardonne. Sa pitié est sans frontière. «Notre présence, indique encore le père Ivo, est de témoigner de l'amour de Dieu». «Normalement, dans nos contacts ordinaires avec les prisonniers, nous ne citons pas le nom de Dieu ou le nom de Jésus, mais il transparait à travers notre comportement, notre attitude».

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

12 décembre 2025, 20:17