«Un modèle missionnaire»: décès de Mgr Dupont, dernier évêque français en Corée
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
«C’est un modèle pour nous», témoignait le père Vincent Sénéchal, supérieur des Missions étrangères de Paris (MEP), dans un documentaire coréen consacré à Mgr René Dupont en 2024. Prêtre missionnaire, il a été le dernier évêque français en fonction en Corée, ayant marqué de son empreinte le catholicisme coréen dans la deuxième partie du XXe siècle.
Arrivé juste après la guerre de Corée
Né le 2 septembre 1929 dans le village de Saint-Jean-le-Blanc, près d’Orléans, dans le centre de la France, il émet très vite le vœu de devenir prêtre. Après deux ans d’études et un an de service militaire, il entre au séminaire des Missions étrangères en 1950. Devenu prêtre, il est envoyé en Corée du Sud en 1954, dans un pays qui vient de vivre un terrible conflit, causant la mort de près d’un million de soldats et celles de deux millions de civils.
Il est d’abord vicaire à la paroisse de la cathédrale de Daejeon, au centre du pays, avant d’être nommé évêque en 1969, à l’âge de 39 ans, dans le tout nouveau diocèse d’Andong, l’un des plus petits de Corée. Devenu évêque au moment de Vatican II, il s’adapte immédiatement, faisant dire la messe en coréen. Solidaire du Mouvement agricole catholique, la majorité des habitants de son diocèse étant rural, il est accusé de se mêler de politique par le régime en place. Menacé d’expulsion en 1979, il ne doit son maintien dans le pays qu’à l’intervention du Saint-Siège.
Estimant qu’il doit laisser la place au clergé coréen, il effectue quatre demandes de démission auprès du Pape Jean-Paul II. En 1990, il transmet la responsabilité de la direction de son diocèse à un évêque local, poursuivant sa vie de missionnaire au service de l’Évangile, en prêchant des retraites spirituelles ou en donnant des conférences. Il meurt à Séoul le 10 avril 2025, âgé de 96 ans.
La transmission à l’Église locale
S’il est le dernier des évêques français, il s’inscrit dans la suite de nombreux prédécesseurs, dont beaucoup sont morts martyrs. À l’image de Mgr Laurent-Marie-Joseph Imbert, premier évêque effectivement entré en Corée, martyrisé en 1839, ou Mgr Jean-Joseph Ferréol martyrisé en 1853.
Au XXe siècle, d’autres missionnaires des MEP ont construit et structuré l’Église de Corée, comme Mgr Gustave Mutel, vicaire apostolique de Corée de 1890 à 1933 ou encore Mgr Adrien-Joseph Larribeau, évêque de Daegu, au milieu du XXe siècle.
Ainsi, l’apostolat de Mgr Dupont vient clôturer plus d’un siècle d’évangélisation par des missionnaires français pour laisser la place à un clergé local. «Il a laissé la place à un évêque coréen, et il était très heureux de ça!», relève l’actuel supérieur de la société de prêtres, le père Vincent Sénéchal.
Une foi enracinée
Le site Ad Extra rapporte qu’en 2023, Mgr René Dupont s’était livré sur sa manière de vivre sa foi. «Je prie une heure par jour en silence devant le Seigneur. Je Lui demande de me faire savoir comment accepter ce qu’Il veut que je fasse. J’ai toujours vécu ainsi durant ma vie de prêtre. Il n’y a rien d’autre à faire», avait-il assuré.
Une foi apprise auprès de sa famille et de ses quatre frères et sœurs, dans la campagne orléanaise. Son petit frère se souvient d’ailleurs de ses lettres se concluant toujours par le même mot d’encouragement, l’un des maitres mots des MEP: «Vive la joie quand même».
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