Destitution du président en Corée, l’Église en appelle à la sagesse et à la confiance
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Élire un président qui reconnaisse que son pouvoir est délégué par le peuple, servant le peuple et prêt à tous les sacrifices pour en protéger la vie et les biens. Par ce vœu clair, le président de la conférence épiscopale coréenne, Mgr Matthias Lee Yong-hoon, a pris la plume quelques heures après la décision unanime des huit juges de la plus haute cour du pays entérinant officiellement la destitution du président Yoon. Les faits reprochés sont lourds: déclaration de la loi martiale, déploiement de troupes à l’Assemblée nationale et à la Commission électorale nationale, et tentative d’arrestation d’élus et de magistrats. La destitution du président valide la motion de censure votée par le Parlement en ce sens, le 14 décembre dernier.
Les Églises, sentinelles «d'une démocratie mature»
Dans la période politique qui s’annonce, l’évêque de Suwon invite à la sagesse dans l’élection «correcte» d’un nouveau président. Ce vote anticipé aura lieu dans soixante jours. Dans son message du 4 avril, le président des évêques depuis 2020 exhorte les autorités à faire tous les efforts possibles pour restaurer la confiance du peuple et parvenir à la réconciliation. «J’espère en particulier que les hommes politiques n’oublieront pas qu’ils existent pour servir le peuple, se respecter mutuellement et avancer vers une politique d’intérêt mutuel dans laquelle ils écoutent les opinions des autres», a-t-il souhaité, plaidant pour plus de démocratie et de maturité dans le processus électoral.
Cet appel à plus de justice et de paix a été rejoint par le Conseil national des Églises de Corée, saluant «une décision historique» de justice, «visant à protéger l’ordre constitutionnel», «à restaurer la démocratie et l’état de droit». Ce conseil œcuménique chrétien a affirmé poursuivre son rôle «de sentinelles» vers une démocratie, là aussi, «plus mature».
Nouvelle instabilité dans un pays désormais fracturé
L’ancien président Yoon avait stupéfait son pays et la communauté internationale déclarant soudainement dans la nuit du 3 au 4 décembre dernier la loi martiale et en envoyant l'armée prendre le contrôle du Parlement, dominé par l'opposition. Un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir pour rapidement contrecarrer les plans de l'ancien procureur, élu le 10 mai 2022. Il s'était justifié en évoquant des menaces de «forces communistes nord-coréennes» et sa volonté «d'éliminer les éléments hostiles à l'État». Des arguments convoqués par ses nombreux soutiens, manifestant par milliers, samedi 5 avril, à Séoul contre la décision de la haute cour. Accusé de tentative de coup d’État, Yoon Suk Yeol doit comparaître à la première séance de son procès, le 14 avril prochain.
«Le pays du matin calme», qui traverse une crise politique inédite depuis 40 ans, doit organiser en 2027 les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Séoul et accueillir par la même occasion le Pape. Ce rendez-vous très attendu aura lieu pour la seconde fois de l'histoire en Asie.
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