L'espérance du Jubilé se vit jusqu'en Mongolie

Federico Piana - Cité du Vatican

Dans une journée de froid intense, avec un mercure qui descend à 30 degrés en dessous de zéro, la participation extraordinaire de personnes a réchauffé le cœur. C'est ce qui a été vécu à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, le 29 décembre 2024, jour où le Jubilé 2025 s'est ouvert par une célébration solennelle qui, même à l'autre bout du monde, ne pouvait pas passer inaperçue. L'image est encore vive dans l'esprit du cardinal Giorgio Marengo, préfet apostolique de cette portion infime de l'Église qui compte environ 1600 baptisés sur 3,2 millions d'habitants dispersés sur un territoire de plus d'un million et demi de kilomètres carrés.

Grande procession

Les souvenirs détaillés du cardinal, confiés lors d'un entretien avec les médias du Vatican, permettent de reconstituer les événements de cette journée qui s'est ouverte par une grande procession à l'extérieur de la cathédrale dédiée aux saints Pierre et Paul, siège de la préfecture apostolique: «Nous sommes partis de la grande croix qui a été utilisée pour la messe papale lors du voyage apostolique de François en septembre 2023. Après avoir récité une partie du Rosaire à l'extérieur, nous sommes entrés solennellement dans la cathédrale, en nous orientant vers l'autre crucifix qui se trouve au-dessus de notre autel et vers lequel nous avons dirigé notre regard et nos prières». Ce fut une «célébration très intense qui a permis à notre peuple de se sentir en communion avec l'Église universelle», affirme le cardinal Giorgio Marengo.

Parole de Dieu et formation

Les fidèles de la préfecture apostolique d'Oulan-Bator ne sont certainement pas arrivés sans préparation à ce moment. Les occasions de formation et d'approfondissement ont été nombreuses, et l'une d'entre elles a particulièrement bien résumé la nécessité d'exercer l'espérance, thème principal de l'Année Sainte: «Ce fut l'expérience de communion et d'animation liée au Gen Rosso, le groupe d'artistes internationaux qui est venu nous rendre visite ici fin novembre et début décembre et avec lequel nous avons préparé des ateliers et un concert. Le leitmotiv de ces activités était le concept, qu'en anglais nous avons appelé hoping together, (espérer ensemble) qui était aussi le thème de la visite papale il y a presque deux ans». Bien préparer le Jubilé, c'était aussi redécouvrir l'histoire d'une Église locale enracinée dans un christianisme au passé très ancien mais qui, à l'époque contemporaine, n'a que 33 ans d'existence. «Ce fut aussi un exercice d'espérance, un désir d'accueillir l'invitation du Jubilé à regarder l'avenir avec des yeux pleins de foi, sans jamais se décourager».

Renouveau et purification

Durant l'Année Sainte, la formation des fidèles sera un élément constant, elle ne sera certainement pas mise de côté. Des aides et des catéchèses seront mises à la disposition de tous «pour que nous puissions vraiment saisir le sens profond de la grâce du Jubilé». «Dans ce sens, nous pensons aussi à une publication avec des explications sur la façon d'obtenir des indulgences, et avec laquelle nous pourrons mettre en évidence le vrai sens du chemin de conversion que nous essayons tous d'accomplir ici. Un renouveau qui doit partir de la purification continue de nos cœurs». Ce à quoi le cardinal Marengo tient le plus dans ce cadre de foi, c'est la dimension de la charité, condition essentielle pour recevoir la grâce jubilaire: «Les œuvres de miséricorde, l'offrande au Seigneur de ses difficultés et de ses souffrances, ne sont pas des choses insignifiantes. Tout comme les sacrifices que chacun peut faire pour participer à nos rencontres de formation, comme la semaine pastorale que nous animerons en mai».

Pèlerinages paroissiaux

Même s'il sera difficile, voire impossible, pour les fidèles de Mongolie de se rendre à Rome en pèlerinage, non seulement en raison de l'énorme distance mais aussi du coût élevé du voyage, le préfet apostolique explique que «les grâces du Jubilé nous rejoignent là où nous sommes et prennent la forme d'initiatives liées à la vie quotidienne: la prière, l'attention aux autres, la multiplication de la miséricorde comme manière concrète d'exercer l'espérance». Mais outre le pèlerinage que les fidèles pourront faire à la cathédrale d'Oulan-Bator, il y en a un autre qui tient à cœur au cardinal: celui qui s'adresse particulièrement aux jeunes et qui peut se faire dans les neuf paroisses de la préfecture. «Cinq d'entre elles se trouvent dans la capitale, quatre sont dispersées dans le pays. Nous nous sommes rendu compte que, dans de nombreux cas, les fidèles d'une paroisse ne connaissent pas bien les autres. Nous avons donc pensé que, lorsque la bonne saison arrive, des visites mutuelles pourraient être organisées». Et comme la distance entre une paroisse et une autre peut être de plusieurs centaines de kilomètres, le cardinal a pensé à une sorte de «passeport du Jubilé», surtout pour les plus jeunes: «Ce sera une sorte de carte d'identité avec des données personnelles à remplir chaque fois que l'on visitera une paroisse. Je pense que c'est une très belle façon de pouvoir remercier le Seigneur pour le don de ces communautés dispersées sur un immense territoire».

Le regard de Marie

À Oulan-Bator, le Jubilé se déroule sous le regard aimant de la Mère du Ciel, nom par lequel le Pape François a voulu appeler la statue de Marie miraculeusement retrouvée dans la décharge d'une ville du nord il y a quelques années par une non-catholique et intronisée dans la cathédrale. «C'est pourquoi la cathédrale assume de plus en plus un rôle spirituel fondamental pour les fidèles qui peuvent se rendre devant cette petite statue de bois, et confier leur vie à la Vierge Marie».