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Mgr Edmond Djitangar, archevêque de Ndjamena (Tchad). Mgr Edmond Djitangar, archevêque de Ndjamena (Tchad). 

Mgr Djitangar: le temps de Carême invite à rompre avec les pratiques non-chrétiennes

Plusieurs maux notamment, le refus de la célébration du mariage sacramentel, la fréquentation des marabouts, les mauvais traitements que subissent les veuves, les veuves ainsi que les orphelins sont autant de thèmes au cœur du message de carême 2025 de Mgr Edmond Djitangar, adressé aux fidèles de l’Église famille de Dieu qui est à N’Djaména.

Vatican News, avec Edouard Takadji – N’Djamena

«C'est en "Pèlerins de l'espérance" que nous sommes entrés dans cette année jubilaire. Le Carême est une étape importante de notre marche jubilaire et c'est l'occasion de nous rendre compte des grâces déjà reçues du Seigneur au niveau personnel, familial ou ecclésial, dans l'espérance d'autres, plus abondantes», écrit l’archevêque de N’Djamena dans son message de Carême 2025. Mgr Djitangar explique que Carême, est une «marche d'espérance de libération», dont le but est de «nous libérer de notre égoïsme, de tout ce qui nous retient prisonnier de nous-mêmes et nous éloigne de nos frères et sœurs». Ce cheminement est effectué en synodalité, avec tous ceux qui forment l’Eglise-Famille de Dieu. En ce temps de conversion, indique le prélat, l’Eglise notre Mère dispose des moyens pour soutenir nos efforts de conversion personnelle ou communautaire.

Du Mercredi des Cendres au Dimanche de Pâques

Le Carême, a rappelé le prélat, commence avec la réception des cendres, «signe d'humilité et expression de notre fragilise devant le péché». Mais notre espérance en la toute-puissance du Dieu vainqueur «nous donne des forces et nous rend vainqueur dans la lutte contre le mal». En ce temps, la prière, particulièrement l’adoration silencieuse devant le Saint-Sacrement «nous permet de nous libérer des préoccupations ordinaires pour donner plus de temps à Dieu». «Le jeûne signifie que la Parole de Dieu est la vraie nourriture pour notre vie spirituelle et nous la mettons au-dessus des besoins naturels. L'aumône n'est pas un simple geste de pitié, mais un geste de partage qui exprime l'attention et l'amour que nous portons aux autres, spécialement ceux qui ont besoin de notre aide», a souligné l’archevêque.

Le Chemin de Croix, le rosaire et les autres dévotions, nous font revivre spirituellement notre marche à la suite du Christ et nous font faire la révision de notre foi. La pratique des œuvres de miséricorde -  visite des malades, des prisonniers, assistances diverses, accueil des étrangers, etc. - nous permet de rencontrer le Christ en personne dans ces frères et sœurs privés de santé, de liberté ou de sécurité qui attendent notre aide, a-t-il ajouté.


Ne plus fréquenter les marabouts

«Le Carême est surtout un temps de combat spirituel personnel et communautaire ... C'est le temps favorable pour combattre les maux qui nous fragilisent et nous empêchent de nous épanouir comme chrétiens dans notre vie familiale ou en Eglise-Famille de Dieu», a déclaré Mgr Djitangar. L’archevêque a ainsi invité «les chrétiens qui vivent une situation irrégulière dans leur ménage», ceux qui n’ont pas encore célébré le mariage sacramentel; ou ceux qui fréquentent «des marabouts, des devins ou des sectes», à sortir des situations et «à mettre de l'ordre dans leur vie chrétienne». Ceux qui sont dans cette situation, a constaté l’archevêque, s’éloignent de la communauté chrétienne, ne participent plus aux CEB (Communauté ecclésiale de Base) et ne donnent plus aucune cotisation à l’Église. S’ils ne rejettent pas la foi, «ils finissent par être indifférents aux exigences de leur baptême», déplore Mgr Djitangar.

L’autorité dans l’Église est un service gratuit

Dans son message, l’archevêque métropolitain de N’Djamena revient également sur la vie des organisations et mouvements paroissiaux qui «souffrent des querelles de leadership ou des jalousies entre les membres et des petites divisions naissent». Il fustige l’attitude de certains responsables qui ne dirigent pas avec un esprit chrétien et les invite à respecter les statuts et à «les appliquer pour donner un témoignage chrétien de l'autorité qui est un service gratuit».  Mgr Djitangar regrette que les Commissions Justice et Paix ont de la peine à se faire entendre et déplore le silence des chrétiens «face aux injustices et aux exclusions sociales et religieuses dont ils sont les premières victimes». Il regrette aussi que l'engagement social des chrétiens dans son pays «souffre encore des manipulations politiques et des complicités ethniques». Il appelle les chrétiens à «proscrire toute parole qui divise, les insultes, les moqueries, les provocations inutiles ... Cela ne construit ni la famille, ni la société, ni l'Église», fait-il remarquer.

L’injustice face aux veuves, veufs et orphelins

L’archevêque interpelle l’Eglise famille de Dieu qui est à N’Djaména sur un phénomène qui est une grande source d'inquiétude pour les pasteurs: la gestion des funérailles. Pour le prélat, certains comportements méritent réflexion car il y a un mélange des cultures locales avec les cultures d'importation qui se manifeste au cours des obsèques et qui sont contraires à l'Evangile.  Il souligne, entre autres, les mauvais traitements que subissent les veuves, les veufs et les orphelins. «Les biens du défunt sont séquestrés par des "parents" ... parfois chrétiens, qui s'en approprient au nom de la "famille" et excluent les vrais membres de la famille éprouvés. C'est une injustice grave qu'il faut corriger».

Pour bien vivre pleinement l'esprit de l'année jubilaire, l’ordinaire du lieu recommande également à tous de faire des efforts pour que règne un peu plus de justice et de paix dans les relations familiales et sociales. «Que ceux qui sont en conflits cherchent des chemins de réconciliation. Que les employeurs (familles, entreprises, sociétés, économat diocésain, paroisses, presbytères, communautés religieuses, écoles, institutions sociales ...) traitent les employés avec justice en respectant les normes du droit», exhorte-t-il.


La prise en charge de l’Église par les fidèles

En ce temps de Carême, Mgr Djitangar invite les fidèles de N’Djamena à accomplir leur «devoir pascal», qui consiste à «fréquenter les sacrements de la réconciliation et de l'Eucharistie et à s'acquitter de deux contributions à la vie de l'Eglise: la dîme et le denier du culte». La dîme, qui est le reversement à l'économat diocésain du dixième de ce que le chrétien gagne, est «destinée à faire vivre les prêtres». «Le denier du culte est l'équivalent du salaire d'une journée de travail; il est reversé pour soutenir l’archidiocèse dans l'entretien des lieux de culte ou la construction de nouveaux». Ces deux contributions, a-t-il précisé, peuvent se faire «en espèce ou en nature», et sont différentes des quêtes ordinaires des messes et d’autres contributions que les chrétiens peuvent donner volontairement pour les besoins de l’Église. Au sujet de ces offrandes, l’archevêque invite à méditer la sentence du Siracide (Si 35,14-15).

Éviter le gaspillage et investir dans le développement

D’après l’Archevêque Métropolitain de N’Djaména, les fidèles catholiques ne manquent certes pas de générosité mais les fruits de cette générosité sont souvent mal orientés ou mal gérés. Après beaucoup d’années, les fidèles ont, par exemple, du mal à finir la construction d’une Eglise ou d’offrir une maison d'habitation convenable à aux s prêtres, dans l'enceinte des paroisses. L’archidiocèse, rappelle-t-il, «ne vit pas des fonds spéciaux venant de Rome comme certains le pense, mais de l'apport des fidèles et la richesse de l'Eglise». Il appelle ceux qui ont les moyens ne pas hésiter à donner des contributions substantielles pour soutenir les projets de l’Eglise.

Enfin, Mgr Djitangar s’indigne face à certaines pratiques, consistant à faire des dépenses énormes lors des fêtes - baptême, mariage, ordination, vœux, anniversaire, diplômes ou promotion. Pour le prélat, ce sont des sources de gaspillage et d’appauvrissement. Il appelle à savoir faire l’épargne et à investir dans ce qui peut améliorer les conditions de vie des familles et de l’Église.


Préparation de l’assemblée de l’ACERAC

A la fin de son message, Mgr Djitangar appelle ses fidèles à élargir leur regard, au-delà des frontières de N’Djamena. Le Tchad se prépare, en effet, à accueillir l’Assemblée plénière de la l'Association des Conférences épiscopales de la Région Afrique Centrale (ACERAC). Il invite les fidèles à s’impliquer dans l’organisation de cet événement qui honore leur archidiocèse et leur pays.

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