Le cardinal Christoph Schönborn fête ses 80 ans
Gudrun Sailer - Cité du Vatican
Ce fut le début d'une longue série d'engagements au Vatican pour le jeune dominicain autrichien Christoph Schönborn, lorsque le Pape Jean-Paul II le nomma membre de la Commission théologique internationale en 1980. À l’âge de 36 ans, il enseignait alors la dogmatique à Fribourg en Suisse, et devait sa nomination au Vatican, à son ancien professeur à Ratisbonne, le cardinal Joseph Ratzinger. Celui-ci devint peu après préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi à Rome, et s'assura également de la collaboration de son étudiant dans un projet exceptionnel de l'Église universelle: la rédaction du Catéchisme universel. De 1987 à 1992, Mgr Christoph Schönborn fut secrétaire de la Commission du catéchisme, cinq années qu’il qualifia dans une interview accordée à Radio Vatican en 2017, de «probablement la plus importante de ma vie». Le travail sur le catéchisme sous le cardinal Ratzinger a été «un grand privilège, une expérience merveilleuse et très intense».
Une carrière de théologien? Il en a été autrement
Avant même la publication du Catéchisme universel, le dominicain autrichien était devenu déjà en 1991, évêque auxiliaire de Vienne, une ville qu'il connaissait à peine. Né le 22 janvier 1945 en Bohême (Leitmeritz), il y est arrivé très jeune, avec sa famille en fuite dans le Vorarlberg, à l'extrême ouest de l'Autriche. Il a reçu la plus grande partie de sa formation dans l'ordre dominicain en Allemagne et à Paris. Il avait peu d'expérience pastorale, et une carrière théologique semblait lui être destinée. Mais, comme pour son maître Joseph Ratzinger, il en a été autrement.
En 1995, Jean-Paul II nomme Mgr Schönborn archevêque de Vienne. C'était une période difficile: la crise des abus autour du précédent archevêque, le cardinal Hans Hermann Goër, avait profondément divisé l'Église autrichienne, le mécontentement contre Rome était grand. Le nouvel archevêque de Vienne avait beaucoup à transmettre. «À Rome, j'ai dit: «"Attendez! Ce n'est pas aussi grave en Autriche comme vous le pensez". Et en Autriche, j'ai dit: "S'il vous plaît, voyons si nous pouvons nous réunir à nouveau". Ce furent des années difficiles», a déclaré Mgr Schönborn.
En tant que président de la Conférence épiscopale autrichienne pendant de nombreuses années (1998-2020), il a également œuvré en tant que pasteur et gestionnaire de crise pour redonner confiance à l'Église. Parallèlement, son action a pris une dimension ecclésiale mondiale de plus en plus prononcée. En effet, son élévation au rang de cardinal en 1998 a marqué le début d'une série de nominations au sein des autorités de la Curie.
Les nominations romaines
Selon l'Annuaire pontifical, le cardinal Schönborn a été membre du dicastère pour la Doctrine de la foi, du dicastère pour les Églises orientales et du conseil pontifical de la Culture depuis 1999 (jusqu'en 2014); de la commission pontificale pour le Patrimoine culturel de l'Église de 2000 à 2010. De 2002 à 2021, il a été au sein de la congrégation pour l'Éducation; de 2011 à 2023 au conseil pontifical pour la Promotion de la nouvelle évangélisation, qui a ensuite été intégré au dicastère pour l'Évangélisation. De 2014 à 2016, il a été membre du conseil pontifical pour les Laïcs. En outre, il a exercé pendant 22 ans, jusqu'en 2024, de hautes fonctions consultatives au sein du secrétariat général du Synode des évêques, d'abord au sein du conseil spécial pour l'Europe, puis, depuis 2013, au sein du conseil ordinaire.
Neuf synodes des évêques
Au total, le cardinal polyglotte autrichien a participé à pas moins de neuf synodes des évêques romains. Ses capacités de médiation ont été particulièrement mises à contribution lors du synode sur la famille de 2014/2015 convoqué par le Pape François. Dans son archevêché, le cardinal Schönborn avait depuis longtemps mis en place une pastorale pour les catholiques divorcés ayant contracté un second mariage civil, et il a pu obtenir, au sein du groupe de travail des germanophones qui comprenait également les cardinaux Müller et Koch de la Curie, une admission à la communion de ces fidèles dans des cas particuliers, valable pour l'Église universelle. Le Pape François a intégré le compromis dans une note, en bas de page de son exhortation post-synodale «Amoris Laetitia» (2016). C'est le cardinal Schönborn qui a présenté ce document au public au Vatican, et l'a défendu contre les critiques avec des arguments théologiques bien pensés.
Le cardinal Schönborn a travaillé aux côtés de trois Papes: Jean-Paul II, Benoît XVI et François. Benoît XVI était plus proche de lui, théologiquement et culturellement; le professeur avait invité l'étudiant à présenter au Vatican en 2007, la première partie de sa trilogie sur «Jésus de Nazareth», à l'opinion publique mondiale. La même année, le cardinal a pu recevoir le Pape Benoît XVI, lors d’un voyage de trois jours en Autriche. Au fil des décennies, le dominicain a également participé fidèlement aux rencontres du cercle des étudiants de Ratzinger, qui se tenaient chaque année à Rome depuis l'élection de Benoît XVI comme Pape.
Le cardinal Schönborn et François: une longue connaissance
L’archevêque de Vienne a également développé une relation étroite avec le Pape François. Les deux hommes s'étaient rencontrés à Buenos Aires. François en Argentine, et Schönborn en Autriche, soutenaient tous deux, l'ordre des «Petites Sœurs de l'Agneau». En tant que Pape, François demandait souvent des conseils au cardinal viennois, concernant l'Église en Europe. Il a fait appel à son expertise théologique, notamment sur le thème de la synodalité: en 2015, Mgr Schönborn a tenu, aux côtés du Pape, le discours principal lors des célébrations au Vatican des 50 ans du Synode des évêques, et est ainsi devenu un co-pilote de la synodalité nouvellement mise en avant dans l'Église universelle. Et bien entendu, l'archevêque de Vienne a participé au synode mondial sur la synodalité en 2023/2024, qui sera probablement sa dernière assemblée ecclésiale de ce type.
À maintenant 80 ans, le cardinal Christoph Schönborn va désormais écourter son séjour à Rome, même s'il reste pour l'instant directeur de la commission des cardinaux de l’IOR et membre du dicastère pour les Églises orientales. L’Autrichien ouvert au monde, qui a participé à deux élections pontificales et qui était lui-même considéré comme «susceptible d’être élu Pape», se retire du cercle des électeurs actifs lors du conclave. Son expertise théologique et sa prudence pastorale, notamment sur l'épineuse question des abus, ont fait progresser l'Église universelle. Sa clairvoyance, sa manière réfléchie de résoudre les conflits et sa stature resteront dans les mémoires à Rome.
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