Depuis Rome, des Burkinabè prient pour la paix dans leur pays et au Sahel
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Dans la basilique romaine Saint-Eustache, plusieurs Burkinabès vivant à Rome ainsi que des ressortissants d’autres pays, ont pris part à la célébration eucharistique, avec pour intention de prière particulière: le retour de la paix au Burkina Faso, mais également dans tout le Sahel. Depuis 2015, le Burkina Faso est le théâtre d’attaques régulières par des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État Islamique (EI), actifs dans plusieurs régions, et provoquant une forte instabilité. Près de deux millions de personnes ont été obligées de se déplacer à l’intérieur du pays, en raison des violences qui ont fait au moins 20 000 morts. Une situation également similaire au Mali et au Niger.
Le Sahel fait l’objet d’une attention particulière ces douze dernières années, car plusieurs groupes terroristes ont pris racine dans la région. Selon l’Indice mondial du terrorisme de 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font partie des 10 pays les plus touchés par le terrorisme à travers le monde. Face à cette situation critique, le père Kizito Ouédraogo, secrétaire particulier du secrétaire d’État du Saint-Siège, qui présidait la messe, a invité les fidèles présents, à mettre l’accent sur la prière, tout en s’abandonnant à la grâce et à la miséricorde de Dieu.
Pour la conversion des cœurs
Prononçant l’homélie, le père Paul Béré a quant à lui, exhorté ses compatriotes à «une véritable conversion des cœurs» pour le retour de la paix au Burkina Faso. En effet, a-t-il indiqué, «c'est à partir de la conversion de nos cœurs que nous pouvons toucher les cœurs meurtris de ceux qui n'ont plus d'espérance, et qui sèment la culture de la mort». Aux yeux du prêtre jésuite burkinabè, «les terroristes incarnent aujourd’hui, les pécheurs, car ils ôtent la vie à d’autres êtres humains. Quant aux publicains, ce sont ceux et celles qui utilisent leur intelligence et les ressources financières, notamment, pour soutenir ces terroristes». Et les malades, a-t-il poursuivi, «correspondent à ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs», ils venaient à Jésus, et «retrouvaient la santé». Pour le père Paul Béré, la guérison dont ont besoin «ces pécheurs et publicains», viendra du corps visible de Jésus. Et ce corps «c’est toi, c’est moi», c’est chacun des Burkinabè. «La guérison dont ils ont besoin doit venir de nous», a-t-il insisté. «La paix que nous demandons devient une quête de guérison pour ces publicains et ces pécheurs». Il a encouragé à «porter la Parole de Dieu dans nos vies et nos relations, afin qu’elle touche les cœurs». Le prêtre jésuite a ainsi invité à «prier pour notre conversion et la leur, pour la guérison de notre cœur et de leur cœur», car «c'est à cette seule condition que nous pourrons véritablement vivre ensemble dans la paix».
Une espérance soutenue par la prière
Au terme de la célébration eucharistique, l’ambassadeur du Burkina Faso près le Saint-Siège a exprimé son action de grâce à Dieu et sa reconnaissance aux participants à cette messe. Regis Kévin Bakyono a salué la forte mobilisation, qu’il a qualifiée de «témoignage éloquent de la solidarité d’une communauté, qui, bien que loin de son pays, demeure unie dans l’espérance et la foi».
En cette Année jubilaire où le Saint-Père exhorte tous les fidèles à l’espérance en Dieu, l’ambassadeur a exprimé sa foi et son espérance en un avenir de paix pour cette région. Il reste convaincu qu'à la fin de l'année 2025, «d’énormes progrès seront accomplis, des pas énormes vers la paix et la sécurité également, pour le bien des populations du Sahel». Cette espérance, a-t-il dit «doit être soutenue par la prière et des actions concrètes qui vont créer une dynamique-là vers la paix». Présentant ses vœux de nouvel an, le diplomate burkinabé a exprimé sa proximité avec toutes les communautés qui, de par le monde, sont en quête de paix.
«La paix au Burkina Faso nous tient à cœur»
Des prêtres, des religieux, et religieuses burkinabè ont aussi assisté à la messe. Sœur Justine Nikiéma, très émue, a exprimé sa joie d’avoir invoqué le Seigneur pour la situation dramatique que vit son pays. Elle souhaite que soient exaucées les prières des Burkinabé en cette Année jubilaire. «La paix au Burkina Faso et dans l’espace du Sahel nous tient à cœur», a-t-elle fait remarquer en criant sa colère contre les terroristes.
«Nos pays subissent des attaques inhumaines et barbares qui endeuillent nos familles et détruisent notre pays». «L'espérance ne déçoit jamais. Et c'est bien cette espérance qui nous accompagnera tous les jours dans notre cheminement, dans notre pèlerinage vers la paix pour notre Burkina Faso», a-t-elle soutenu.
«Un devoir de solidarité»
Le père Donatien Agadjo, originaire du Togo, et connaissant depuis 2005 le Burkina Faso, a pour sa part indiqué que sa présence, «répond à un devoir de solidarité envers le peuple burkinabè». «Le Burkina Faso et le Togo étant des pays voisins, et frères, a-t-il ajouté, nous compatissons à leur douleur». Il a exhorté à «l’unité pour combattre ce mal déjà aux portes du Togo». Toutefois, «nous gardons notre espérance dans le Seigneur, et sommes convaincus que nous y arriverons», a-t-il rassuré.
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