Anastase, chef de l'Église orthodoxe d’Albanie depuis 33 ans est décédé
Giovanni Zavatta - Cité du Vatican
Lorsqu'en 1991, le régime communiste, dans ce qui était devenu l'État le plus athée du monde, est entré dans une crise ouvrant la voie à la pleine démocratie et à la République parlementaire, c’est lui qui fut appelé par le patriarche œcuménique de Constantinople pour diriger la renaissance de l'Église orthodoxe albanaise après des décennies de persécution.
L'archevêque de Tirana, Durrës et de toute l'Albanie, Anastase, est décédé dans la matinée du 25 janvier à l'âge de 95 ans dans un hôpital d'Athènes en Grèce, où il avait été hospitalisé en raison de l'aggravation de son état de santé. Plus qu’un guide spirituel, «Il a relevé une Église de ses ruines, après la chute du régime athée. Grâce à sa vision inspirée de Dieu et à son travail inlassable, il a reconstruit la vie ecclésiale à partir de ses fondations, érigé des centaines d'églises, fondé des institutions éducatives et philanthropiques, et formé et ordonné de nouveaux membres du clergé», salue l’Église orthodoxe albanaise dans un communiqué.
Prêtre en sortie
Anastasios Yannoulatos est né au Pirée, près d'Athènes, le 4 novembre 1929. Après avoir obtenu son diplôme de théologie, il a étudié l'histoire des religions, l'ethnologie, les missions et l'africanologie en Allemagne. Sa connaissance approfondie des religions dans les pays où elles se sont répandues, sa capacité à parler plusieurs langues, son enseignement de diverses disciplines en Allemagne puis en Grèce, ses affectations dans de nombreuses institutions, y compris laïques, ont fait de lui un prêtre «extraverti», en dehors de la stricte sphère ecclésiastique.
Il a notamment développé le champ de la mission à l'étranger, avec un soutien constant aux groupes déployés en Corée, en Inde et en Afrique. En 1964, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya, il a exploré la possibilité d'une mission orthodoxe systématique et, en tant que locum tenens de l'archevêché d'Irinoupolis-Afrique de l'Est, il a fondé une école qu'il a dirigée pendant une décennie. Il a ordonné 62 prêtres africains et 42 lecteurs-catéchistes de huit tribus (dont les quatre premiers prêtres de Tanzanie). Il a encouragé la traduction de la Sainte Liturgie en quatre langues africaines, et a été responsable de l'organisation de 150 paroisses et petites communautés orthodoxes, créant des écoles et des hôpitaux.
Travail en Albanie
Il n'est donc pas surprenant que les compétences d'Anastase, devenu entre-temps évêque, et plus tard métropolite, d'Androussa, aient pu être mises à profit ailleurs pour réaliser un exploit qui semblait impossible. En Albanie, il a commencé son travail en tant qu'exarque patriarcal (janvier 1991-juin 1992), puis en tant qu'archevêque de Tirana et de toute l'Albanie (24 juin 1992).
Grâce à un accord avec le gouvernement, devenu loi en 2009, les relations entre l'Église et l'État ont été définies, ce qui a permis à Anastase de construire des églises et des monastères, de réorganiser les paroisses, de fonder des lycées, des écoles, des académies de théologie, ainsi que des soupes populaires et des refuges, de publier des livres liturgiques et d'ordonner - surtout - des prêtres orthodoxes dans la nouvelle Albanie.
Héraut de la paix et géant de l'œcuménisme
Dans le monde orthodoxe et au-delà, il était connu pour sa gentillesse, sa douceur, sa sagesse et son ouverture à l'autre. En 2000, des membres de l'Académie d'Athènes et d'autres personnalités albanaises ont encouragé sa candidature au prix Nobel de la paix. Le Conseil œcuménique des Églises, dont l’archevêque Anastase a été le président de 2006 à 2013, se souvient de lui en ces termes: «Héraut de la paix, géant de l'œcuménisme, champion du dialogue interreligieux».
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