Léon XIV aux consultants du travail: placer la dignité humaine au cœur du monde professionnel

Moriba Camara, S.J. - Cité du Vatican

Dès le début de son allocution, le Pape a rappelé que le travail ne saurait être réduit à une simple logique économique mais davantage à celle humaine et humanisante. Reprenant une expression du Pape François, il a affirmé: «En travaillant, nous devenons davantage personnes, notre humanité s’épanouit», soulignant que «ni le capital, ni les lois du marché, ni le profit ne doivent être placés au centre de la dynamique du travail, mais bien la personne, la famille et leur bien».

Dans la continuité de la Doctrine sociale de l’Église, Léon XIV a insisté sur la nécessité de reconnaître concrètement la dignité des travailleurs et des travailleuses, notamment en tenant compte des réalités vécues par les jeunes familles, les parents de jeunes enfants ou encore ceux qui prennent soin de proches âgés ou malades. «Il s'agit de besoins qu'aucune société véritablement civile ne peut se permettre d'oublier ou de négliger, et vous avez les moyens de soutenir ceux qui peinent à y faire face», a-t-il souligné. Face aux mutations rapides induites par la technologie et l’intelligence artificielle, le Saint-Père a lancé un appel clair: les entreprises doivent être avant tout «des communautés humaines et fraternelles».

Un rôle de médiation essentiel dans l’entreprise

Le deuxième aspect mis en lumière par le Pape concerne la fonction de médiation exercée par les consultants du travail. Leur mission les place «comme un lien de jonction entre les dirigeants et les employés», faisant d’eux des facilitateurs de «relations indispensables au bon fonctionnement des entreprises et au bien-être de ceux qui y travaillent».

Toutefois, Léon XIV a mis en garde contre deux dérives possibles: «une bureaucratisation excessive des relations» et «le détachement de la réalité concrète des personnes ». Ces attitudes, a-t-il averti, risquent d’appauvrir le tissu humain de l’entreprise et de la détourner de sa vocation profonde, celle d’une «synergie solidaire». Citant la Première lettre de saint Jean, le Pape a exhorté les consultants à garder un regard attentif sur les plus fragiles: «Si quelqu’un possède les biens de ce monde et, voyant son frère dans le besoin, lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui?» (1 Jn 3,17). Une invitation à exercer leur profession comme un véritable service de justice et de charité.

La sécurité au travail, un impératif vital

Enfin, le Saint-Père a insisté sur la promotion de la sécurité au travail, saluant l’engagement des consultants dans la prévention des accidents par la formation et l’information. Il a déploré que, encore aujourd’hui, «trop d’accidents et de “morts blanches” surviennent sur les lieux de travail», rappelant que ceux-ci devraient toujours être «des espaces de vie» et non «des lieux de mort et de désolation».

Reprenant une parole du Pape François, Léon XIV a souligné avec force: «La sécurité au travail est comme l’air que nous respirons: nous ne réalisons son importance que lorsqu’elle vient tragiquement à manquer». La prévention, a-t-il insisté, demeure la voie la plus juste et la plus humaine.

Concluant ses propos, le Souverain pontife a encouragé les consultants du travail à accomplir leur mission «avec passion et dévouement», conscients que de nombreuses personnes comptent sur leur engagement pour vivre leur travail avec sérénité. Il les a confiés à l’intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph, patron des travailleurs, leur adressant sa bénédiction apostolique et ses vœux pour le temps de Noël.