Cuba va libérer 553 détenus, répondant à l'appel du Pape François Cuba va libérer 553 détenus, répondant à l'appel du Pape François  (AFP or licensors)

Cuba libère des prisonniers, saluant la médiation du Saint-Siège

Les prières du Pape François pour la libération de prisonniers notamment à Cuba ont été en partie exaucées. Le gouvernement cubain a annoncé mardi 14 janvier que 553 détenus seraient libérés «dans l’esprit du Jubilé ordinaire de 2025». Quelques heures auparavant, le président américain Joe Biden a retiré Cuba de la liste noire des États soutenant le terrorisme.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’est le fruit d’un long travail patient, d’une médiation discrète et constante depuis des années, celle du Saint-Siège en faveur de la libération de prisonniers cubains. Ce mardi, le gouvernement cubain a annoncé que 553 détenus seraient prochainement libérés. Dans un communiqué du ministère cubain des Affaires étrangères, il est précisé que le Pape François a été informé de cette décision via une lettre envoyée début janvier par le président Díaz-Canal. Il y explique que cette mesure est prise «dans l’esprit du Jubilé ordinaire de 2025».

Pour le Saint-Père, cette décision du pouvoir cubain est en effet une réponse à sa prière exprimée dans la bulle d’indiction du Jubilé, Spes non confundit. Dans ce texte fondamental, François demande «des signes tangibles d’espérance» pour les détenus, proposant aux gouvernements du monde entier des «formes d’amnistie ou de remise de peine», ainsi que des «parcours de réinsertion dans la communauté». Cette attention envers les prisonniers fut manifestée par l’ouverture le 26 décembre dernier d’une porte sainte dans la prison romaine de Rebibbia.

De longs échanges entre Cuba et le Vatican

La déclaration officielle cubaine souligne le rôle joué par la diplomatie vaticane dans ce processus. «Nous entretenons avec le Vatican et le Souverain pontife une relation respectueuse, franche et constructive, ce qui facilite les décisions comme celle prise récemment» est-il écrit. Le texte rappelle également les différentes étapes qui ont porté à ce dénouement, comme la visite du président cubain au Vatican en juin 2023, sa rencontre avec le Saint-Père, celle de son ministre des Affaires étrangères un an auparavant, en août 2022. Pour les autorités cubaines, ce fut l’occasion d’aborder de manière approfondie «la nature injuste et les effets néfastes de la politique américaine à l’égard de Cuba», et de se féliciter, selon eux, «des signes évidents de sympathie et d’affection» du Pape pour le peuple cubain.

François avait dépêché en février 2023 à La Havane, le cardinal Beniamino Stella pour commémorer la visite historique de saint Jean-Paul II dans l’île castriste en janvier 199 qu’il avait alors supervisée en qualité de nonce apostolique à Cuba. Lors de son discours à l’université de la Havane, le 8 février, en présence du chef de l’État cubain, le cardinal Stella avait plaidé en faveur de la libération des manifestants de 2021 qui avaient vivement contesté le pouvoir castriste, précisant que le Pape espérait «vivement» qu’il y aurait «une réponse positive» du gouvernement cubain en la matière. Il avait aussi reconnu que «Cuba doit être libre de toute ingérence et de toute sujétion, tout comme elle doit aussi être un Cuba où ses enfants sont des hommes et des femmes libres».

Poursuite de la détente entre La Havane et Washington

La décision cubaine intervient aussi juste après celle du président américain Joe Biden de retirer Cuba de la liste noire des États soutenant le terrorisme, une mesure prise peu de jours avant la fin de son mandat et qui doit encourager la libération d’un «nombre important de prisonniers politiques» comme l’a expliqué un haut responsable américain. Rien ne dit cependant que Donald Trump, qui entrera en fonction le 20 janvier, ne revienne sur ce décret, d’autant que le républicain avait lui-même pris la décision inverse en janvier 2021, quelques jours avant de céder sa place au démocrate.

La Maison Blanche évoque elle aussi le rôle joué par l’Église catholique. Dans un communiqué officiel publié ce mardi, il est bien dit que cette mesure a pour but de «renforcer le dialogue en cours entre le gouvernement cubain et l’Église catholique».

Pour la diplomatie du Saint-Siège, c’est donc un nouveau succès. Déjà, en 2014, elle avait permis une détente historique entre La Havane et Washington qui avait débouché en juillet 2015 sur le rétablissement de leurs relations diplomatiques. Le président américain de l’époque, Barack Obama, avait remercié le Pape François pour son rôle «crucial» dans cette affaire. La Secrétairerie d’État avait, elle, rappelé qu’au cours des derniers mois, le Saint-Père avait écrit aux présidents Raul Castro et Barack Obama, «afin de les inviter à résoudre des questions humanitaires d’intérêt commun, parmi lesquelles, celle concernant la situation de quelques détenus, dans le but de lancer une nouvelle phase dans les rapports entre les deux parties. Le Saint-Siège continuera à assurer de son soutien les initiatives que les deux nations entreprendront dans le but de renforcer les relations bilatérales et promouvoir le bien-être de leurs citoyens respectifs».

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15 janvier 2025, 10:34