L'abbé Justin Nkunzi, en prière. L'abbé Justin Nkunzi, en prière. 

RDC: l’abbé Nkunzi déplore le cyberharcèlement contre les femmes

Pour clôturer la campagne des 16 jours, organisée chaque année par les Nations unies pour sensibiliser sur les formes de violences faites aux femmes, la sous-commission Dynamique Femme pour la Paix et l’Inclusion de l’archidiocèse de Bukavu a organisé, mercredi 17 décembre, une rencontre sur la violence numérique dans la région. Dans un entretien accordé aux médias du Vatican, l’abbé Justin Nkunzi, président de la Commission Justice et Paix de ce diocèse, révèle les méfaits du cyberharcèlement.

Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican

«Les femmes de notre archidiocèse de Bukavu, et même de notre province ecclésiastique, font face à des violences numériques de plusieurs manières... On voit les femmes qui émergent, on essaie de les nuire ...», fait savoir l’abbé Nkunzi qui commence ce témoignage par la liste de plusieurs formes des violences numériques que l’on exerce sur elles, allant de la menace de publier leurs photos si elles n’acceptent pas de verser une rançon, jusqu’à la diffamation et l’envoi des messages anonymes. Un comportement qui, par peur de tomber dans une marginalisation sociale à travers la stigmatisation qui s’ensuit, pousse plusieurs d’entre elles au silence, en préférant taire leurs convictions que ce soit dans les secteurs politique ou religieux.

La prévention du phénomène et l’accompagnement des victimes

Pour faire face à ce phénomène, poursuit l’abbé Nkunzi, les femmes ont compris qu'elles doivent d'abord se protéger elles-mêmes grâce aux sensibilisations ; protéger leur identité, leur famille, leurs occupations et surtout, maintenir un climat de solidarité. «Elles ne doivent pas non plus céder aux provocations; à toutes les menaces, et ne doivent pas surtout répondre aux inconnus. Mais aussi, elles ne doivent pas se taire et doivent solliciter leur protection auprès des institutions compétentes.» Le père Nkunzi explique, ainsi pourquoi les femmes de Bukavu, toutes confessions religieuses confondues, ont invité les leaders religieux à cette rencontre, en vue de combattre, ensemble, la stigmatisation dont elles sont victimes. Ce combat ne peut être mené avec efficacité qu'à travers les enseignements des leaders religieux qui peuvent conduire à surmonter les tabous qui subsistent dans la culture locale et qui stipulent que «les femmes doivent toujours subir et non se défendre.» La première institution qui peut casser ces tabous culturels ce sont les leaders religieux, les leaders d'opinion représentant les différentes confessions religieuses, indique l'abbé Nkunzi.

Utiliser positivement les moyens de communication sociale

La première recommandation que la Commission Justice et Paix de Bukavu propose aux participantes à cette rencontre est de ne pas céder au découragement. Très souvent, le message que la violence numérique véhicule conduit à la manipulation des identités que ce soit au niveau religieux, politique, économique ou social d'un peuple. «En manipulant ces identités, explique le président de la CDJP Bukavu, on peut diviser les gens en se basant sur leur morphologie ou leurs convictions religieuses.» Nous devons toujours travailler ensemble, travailler en synergie et utiliser de manière positive les moyens de communication sociale, recommande-t-il. Ces moyens de communication sociale, utilisés à bon escient, constituent un outil pastoral très puissant et très important aujourd'hui, à l'ère de la globalisation. En revanche, si ces moyens de communication sociale ne sont pas utilisés de manière positive, ils peuvent détruire et alimenter les conflits, la haine, la stigmatisation, dont les conséquences sont à déplorer.

L’éducation reste le pilier pastoral de la prévention

À la question de savoir comment sortir de cette situation dangereuse sur le plan pastoral, l’abbé Nkunzi réitère, en premier lieu, la sacralité de la vie humaine qui exige le respect de la dignité de la personne. Cela passe aussi par notre façon de communiquer, fait-il remarquer; par notre manière de parler, et de «relationner avec les autres». En utilisant les moyens de communication de manière maladroite, on détruit, non seulement la personne, mais aussi le tissu social. L’abbé Nkunzi appelle à la conversion car pour lui, «il n’est jamais tard de revenir sur le bon chemin et de laisser les comportements déviants dont les conséquences sont déplorables

 

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18 décembre 2025, 17:15