Photo d'illustration. Photo d'illustration.  (AFP or licensors)

L’ACEAC condamne les idéologies meurtrières dans les Grands Lacs

Depuis plus de trois décennies, «notre sous-région est astreinte à des pesanteurs de perturbation de la paix à plusieurs niveaux». C’est avec ces mots que les membres de l’Association des Conférences de l’Afrique centrale déplorent la situation plus qu’alarmante qui sévit dans la sous-région des Grands Lacs (ACEAC), dans leur message publié mercredi 26 février. Tout en dénonçant les idéologies meurtrières véhiculées dans cette région, les prélats en appellent au respect des droits des victimes.

Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

«La sous-région est au bord de l'implosion au risque de créer une généralisation de foyers d'incendies meurtriers», alertent les membres de l’ACEAC dans leur message conjointement signés et intitulé «Heureux les artisans de paix». Ils soulignent également que toute cette situation affecte des pans entiers des territoires avec une augmentation exponentielle de pertes de vies humaines, d'orphelins, de veufs et veuves, de déplacés et de réfugiés.

Profondément affectés et blessés au regard de la tournure que prennent ces conflits, les cardinaux et évêques catholiques des trois pays des Grands Lacs - le Burundi, la République Démocratique du Congo et le Rwanda -, demandent aux groupes armés qui sèment la mort et pullulent dans la sous-région, «d'arrêter de défendre leurs revendications par la voie des armes qui tuent leurs propres frères et sœurs», et que chaque État aménage un cadre efficace de dialogue et d'écoute.

Transformer les épées qui tuent en socles de charrue pour le développement

Réunis à Dar-es-Salaam, la capitale tanzanienne, pour approfondir leur engagement pour la paix entre les communautés et les pays des Grands Lacs, l’ACEAC se dit accueillir dans la foi et l’espérance la désignation des animateurs des processus de Nairobi et de Luanda, désormais fusionnés. «Nous leur assurons de notre disponibilité à apporter notre part de contribution à l'édifice de la paix dont nous sommes des protagonistes de par notre mission évangélique», rassurent-ils en souhaitant que «nos pays transforment les épées qui tuent en socles de charrue pour le développement de la sous-région».

Par ailleurs, les prélats exhortent les Chefs d'État de la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) à mettre en œuvre les résolutions de leur sommet conjoint de Dar-es-Salaam. Dans leur message les membres de l’ACEAC expriment également leur proximité spirituelle à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l'Église du Christ au Congo (ECC), «qui se sont engagées à promouvoir le Pacte social pour la paix et le bien-vivre-ensemble en RD Congo et dans toute la sous-région, contribuant ainsi à la mise en route du plan de paix de l'ACEAC».

Corroborant l'appel du Symposium des Conférences Épiscopales d'Afrique et Madagascar (SCEAM), les prélats invitent également tous les chrétiens de la sous-région à saisir l'opportunité de la période de Carême pour intensifier les temps de prière, d'adoration, de pèlerinage, de jeûne et de chemins de croix pour la paix et la justice.


Appel à rétablir les droits et la dignité des victimes des conflits

A l'intention des pays, des organismes et des firmes multinationales, les cardinaux et évêques catholiques de l’Afrique centrale relayent les paroles du Pape François lors de sa visite apostolique à Kinshasa en janvier-février 2023: «Retirez vos mains du Congo, retirez vos mains de l'Afrique». «Notre région doit cesser d'être un lieu de convoitises et d'intérêts mondiaux qui s'entrechoquent et appauvrissent nos populations», martèlent-ils.


Déplorant au terme de leur message le fait que la région soit devenue une zone de peurs mutuelles des uns envers les autres, les prélats dénoncent les idéologies meurtrières véhiculées ici et là, et en appellent à des enquêtes approfondies «pour vérifier les allégations des crimes de génocide, crimes de guerres et crimes contre l'humanité qui ont déjà endeuillé notre sous-région et rétablir toutes les victimes sans discrimination dans leurs droits et leur dignité».

 

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28 février 2025, 11:10