Les évêques du Bénin appellent à «la décrispation de l’atmosphère politique»
Juste Hlannon – Cotonou
C’est sur une chaleureuse note de vœux que s’ouvre le communiqué final de la 74e session plénière ordinaire des évêques béninois. «Une très bonne, heureuse et sanctifiante année 2025 remplie d’espérance et de paix», tel est le vœu qu’ils formulent à l’endroit de «tout le peuple de Dieu au Bénin» implorant, par la même occasion sur le pays, «l’abondance des grâces et bénédictions divines».
De même, les prélats font mention de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – qui sera célébrée du 18 au 25 janvier – en souhaitant, dans une perspective œcuménique, que «cette semaine de prière soit l’occasion pour renforcer nos liens au-delà de la diversité de nos doctrines chrétiennes» avec les églises sœurs.
«L’Église est toujours favorable à l’inculturation»
L’autre évènement à venir évoqué par les évêques au cours de cette session est le Dimanche de la Parole de Dieu, institué par le Pape François en 2019 et prévu pour le 26 janvier 2025 cette année. Les évêques béninois «profitent de cette solennité pour encourager le peuple de Dieu à enraciner sa foi en Jésus-Christ, à travers la méditation régulière de la Parole de Dieu et sa mise en pratique dans la vie quotidienne».
Ils ont aussi saisi l’occasion pour rappeler au peuple de Dieu au Bénin que «l’Église est toujours favorable à l’inculturation» entendue comme «purification et élévation de nos cultures par l’Évangile de Jésus-Christ». Néanmoins, la CEB «met en garde contre le syncrétisme religieux, les confusions entre le culturel et le religieux» recommandant alors la pratique d’«une foi authentique sans alliage».
En effet, du 9 au 11 janvier ont eu lieu dans le pays les ‘‘Vodun days’’, une version rénovée de la fête annuelle des religions endogènes instituée dans le pays depuis 1997. Si «les évêques du Bénin adressent leurs vœux fraternels de paix et leurs bénédictions à leurs frères et sœurs des religions traditionnelles», ils font remarquer tout de même la nécessité d’«avoir le courage de reconnaître que toutes les cultures ont des pesanteurs dont elles doivent se libérer et des ombres auxquelles elles doivent se soustraire pour une vie épanouie en Dieu révélé dans le Christ».
«Un appel pressant à la décrispation de l’atmosphère»
La situation socio-politique du Bénin n’a guère été occultée au cours de ces assises de la CEB. Au moment où le pays entre dans une année pré-électorale qui conduira à des élections générales, une première depuis le passage du pays à l’ère démocratique en 1990, «les évêques du Bénin lancent un appel pressant à la décrispation de l’atmosphère politique».
Le contexte semble d’autant plus délicat que les élections en vue se tiendront sur la base de «nouvelles dispositions légales au sujet desquelles toutes les inquiétudes ne sont pas encore totalement dissipées» comme le faisait remarquer le 31 décembre le président de la CEB, Mgr Roger Houngbédji. À moins de deux ans de ces échéances électorales qui démarrent dès janvier 2026, le code électoral actualisé en 2019 puis en 2024 continue de cristalliser des tensions, l’opposition continuant d’en solliciter vainement la relecture.
L’épiscopat exhorte les responsables politiques, les leaders d’opinions et tous les autres citoyens à «s’engager résolument dans un esprit de dialogue sincère, d’écoute mutuelle et de réconciliation nationale». Ils attirent ainsi l’attention des acteurs impliqués sur «l’importance d’un climat de paix et de confiance, indispensable pour garantir le bon déroulement des échéances électorales à venir».
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