Clôture du 48ème Séminaire annuel des évêques du Cameroun Clôture du 48ème Séminaire annuel des évêques du Cameroun  

Echos du 48ème Séminaire annuel des évêques du Cameroun

Une oreille attentive à l’église universelle: échos du synode sur la synodalité, une autre à la situation politique de leur pays, telle est la dualité qui a marqué le 48ème séminaire annuel des évêques du Cameroun. Dans la première orientation, des résolutions ont été prises pour rendre la synodalité effective dans leurs Eglises locales. Dans la seconde, nombre de recommandations ont été formulées, face à ce que les prélats considèrent comme «un marasme économique et social» dans leur pays.

Fabrice Bagendekere, SJ - avec Paul Valérie Mendogo - Douala

C’est dans le diocèse de Buéa, région du Sud-Ouest du pays, que s’est tenu le 48ème séminaire annuelle des évêques du Cameroun, du 4 au 11 janvier 2025. Ce rendez-vous annuel s’est voulu un écho au synode sur la synodalité conclu au mois d’Octobre 2025, comme l’indique le thème qui a constitué le fondement des assises: «Vivre la synodalité dans le contexte de notre Eglise locale». Les prélats camerounais se sont par ailleurs penchés sur l’anxiété générée par la grande précarité dans laquelle vivent la majorité des Camerounais. Le Cameroun qui se trouve déjà dans la fièvre des élections présidentielles prévues en octobre 2025.

Echos au synode sur la synodalité

C’est avec grand intérêt que les évêques du Cameroun ont reçu les rapports des délégués à la seconde session du synode sur la synodalité. En plus de partager chacun son expérience, les pères synodaux ont présenté le contenu du document final. Devaient suivre les échos des évêques par un certain nombre des résolutions, ce qui a été fait. Trois résolutions majeures ont été prises. La première, travailler à la réception globale du document final du Synode. La deuxième, engager les Eglises particulières à la formation des experts, des agents pastoraux et d’autres fidèles sur le chemin synodal suivant les recommandations du synode. La troisième, organiser une assemblée ecclésiale nationale pour examiner et évaluer les stratégies pastorales, dans l’esprit synodal.


Nous continuons de vivre dans le marasme et l’incertitude de l’avenir

Comme il en est de coutume, au sortir de séminaire, les évêques camerounais ont adressé un message aux prêtres, personnes consacrées, à tous les autres croyants, aux hommes politiques et à tous les hommes et femmes de bonne volonté. Le document de 10 pages affronte la situation socio-économique du pays, à quelques mois des élections présidentielles prévus au mois d’octobre. Rappelant le rôle prophétique de l’Eglise dans l’histoire de leur nation, en références aux différentes lettres pastorales écrites par les évêques en réactions aux différentes situations et crises encourues par le Cameroun, les évêques regrettent de constater «le malaise» et «les frustrations» dans lesquels continue à vivre leur peuple.

«35 ans après la sonnette d’alarme sur la crise économique, et 65 ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, force est de constater que  nous continuons de vivre dans le marasme économique et social, et l’incertitude de l’avenir», affirment les évêques, pointant «la pression fiscale qui augmente d’année en année», selon eux «un ultime moyen pour asphyxier ceux des camerounais dont la faiblesse du pouvoir d’achat est criarde»,  «les pillages organisés [du] patrimoines économiques» économiques du pays, «la mauvaise gestion de la chose publique», « la corruption avec ses corollaires de détournements et de manque de transparence».

Espérer contre toute espérance

Les prélats ont de nouveau formulé un certain nombre des récommandations, notamment: la promotion des services publics et l’emploi des jeunes, la lutte contre le bradage foncier, la lutte contre l’exploitation inconditionnée des richesses naturelles du pays, la promotion de l’éducation et de la formation professionnelle et le soutien des entreprises, l’amélioration des infrastructures publiques, la promotion de la sécurité et de la Justice des populations, la lutte contre la corruption et la criminalité, l’exécution responsable et transparente du budget national, etc. Tout cela, en invitant leurs concitoyens à ne «pas se laisser aller au découragement», mais à être confiant «dans un avenir plus heureux et plus prospère», comme d’ailleurs l’indiquait déjà le passage biblique auquel la lettre se réfère: «confiance: N’ayez pas peur…» (Marc 6,50), espérer contre toute espérance (Romain 4, 18). Pa ailleurs, les évêques en appellent la «responsabilité individuelle et collective», pour faire advenir cet avenir.


Notre vocation comme Eglise est de continuer à marcher ensemble

Dans son mot de clôture, le Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, Mgr Andrew Nkea, est revenu sur l’urgence d’une conversion d’«attitudes pastorales», gage d’une effectivité plus grande dans la mission. «Nous sommes arrivés à comprendre que la conversion dans nos attitudes pastorales est urgente pour que nous devenions des signes de communion et de participation pour une mission effective dans nos églises particulières et au sein de notre Conférence épiscopale nationale», a déclaré le prélat. Ainsi invoquera-t-il la nécessité de garder et renforcer les liens d’amour et d’unité au sein de la communauté ecclésiale, signes par lesquels, pour Mgr Nkea, «le monde croie en celui qui nous a envoyés». «Notre vocation comme Eglise est de continuer à marcher ensemble dans les liens d’amour et d’unité pour que le monde croie en celui qui nous a envoyés», disait-il.

Synodalité veut également dire solidarité

Dans la partie qu’il a consacrée à la situation socio-politique du pays, Mgr Nkea est revenu, non-seulement sur «l’urgence pour les Autorités étatiques de travailler à une plus grande justice sociale», mais aussi sur l’impératif pour «les camerounais à se respecter les uns les autres» surtout, au besoin de solidarité les uns envers les autres. «Synodalité veut également dire solidarité. Nous exprimons notre proximité à tous ceux qui souffrent et nous leur partageons le message d’espérance que l’Esprit nous délivre pour eux tous», a dit l’archevêque de Bamenda. En se référant particulièrement aux réactions au sujet de la prochaine élection présidentielle, Mgr Nkea a réitéré l’appel à «toujours promouvoir la paix grâce à laquelle rien n’est perdu et sans laquelle tout peut être perdu». Le prélat camerounais est aussi revenu sur le phénomène d’émigration vers l’Europe. «Nous avons particulièrement prié pour nos jeunes qui émigrent en Europe, en quête de verts pâturages», a-t-il déclaré, rappelant que ce phénomène «donne une indication claire qu’il n’y aura pas d’avenir pour eux dans notre pays», «si nous ne changeons pas nos méthodes».


L’urgence d’apporter des signes tangibles d’amour

Dans l’homélie qu’il a prononcée lors de la messe de clôture de ce séminaire, le Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale, Mgr José Avelino Bettencourt, citant plusieurs fois le Pape François, a invité les fidèles du Cameroun à réfléchir sur et à expérimenter le pouvoir révolutionnaire de l’Espérance afin de bâtir ensemble un avenir meilleur où règne la paix du Christ. «L’Espérance est capable de faire naître la confiance et la fraternité, même  lorsque la plupart de ce qui nous entoure semble faux, perdu et mort», a affirmé le prélat. «Avoir l’Espérance; faire confiance en l’Espérance; porter les semences d’Espérance, telle est la mission qui nous est confiée en cette année sainte», poursuivait-il, montrant «l’urgence d’apporter des signes tangibles d’amour et d’empathie à ceux qui souffrent», la plupart des cas, selon l’archevêque, «du déséquilibre du système social». «Ce n’est qu’en devenant des pèlerins d’Espérance pour les pauvres, les malades, les prisonniers, les migrants, les personnes du troisième âge, les jeunes et les marginalisés que nous pouvons changer le monde positivement», a-t-il dit.

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13 janvier 2025, 16:11